La gestion hybride doit-elle changer en 2023?
Le télétravail et le travail hybride sont devenus monnaie courante au Québec depuis le début de l’année 2020. Alors qu’on entame une troisième année de travail hybride, comment les employeurs peuvent-ils ajuster ou améliorer cette nouvelle formule d’organisation du travail?
Le travail hybride ne convient certainement pas à tous les domaines ni à tous les secteurs. Mais la gestion du travail hybride et du travail flexible est là pour de bon, confirme Manon Pelletier, directrice principale, services et projets ressources humaines, au Conseil du patronat du Québec.
Le modèle hybride est là pour de bon
Le modèle hybride a été très populaire en 2022, car les avantages sont indéniables tant pour l’employeur que pour le travailleur. Il procure une liberté d’organisation pour les employés et se traduit par une augmentation de la productivité et de la performance pour l’entreprise.
« La situation va continuer d’évoluer en 2023, mais la gestion hybride et le télétravail sont maintenant des pratiques courantes qui vont continuer d’évoluer vers différents modèles, selon les besoins et la culture des entreprises, souligne Manon Pelletier. La gestion hybride peut mener vers d’autres façons de gérer. Nous sommes à l’ère du bureau flexible, des bureaux satellites. »
Le défi en 2023 sera d’affiner davantage ce modèle et de le moduler ou de le bonifier pour qu’il ressemble de plus en plus à son entreprise.
« Les entrepreneurs qui ne font pas l’analyse de la façon dont le travail hybride est géré au quotidien risquent, à terme, de nuire à la culture de leur entreprise. »
L’heure est au bilan
En cette troisième année, le moment est venu de faire l’analyse de la gestion hybride et de regarder ce qui ne fonctionne pas pour l’employeur.
« On s’est lancé dans le télétravail à 100 %, ensuite on a basculé vers un modèle hybride; souvent sans trop y penser ou prendre un pas de recul, rappelle madame Pelletier. Maintenant que nous avons vécu un cycle complet de gestion du travail en mode hybride, on peut se permettre d’analyser son fonctionnement. »
- Comment le modèle de gestion hybride se vit-il au quotidien?
- Comment les gestionnaires ont-ils vécu la dernière année?
- Quels avantages en ont-ils tirés?
- À quels enjeux les employés ont-ils été confrontés?
- Le travail hybride répond-il aux besoins des équipes, aux attentes de la clientèle?
- Comment le modèle de travail hybride sert-il l’entreprise dans son recrutement, dans l’intégration des nouveaux employés, dans ses communications internes?
- Est-ce un modèle adapté à l’entreprise?
- Doit-on faire des modifications ou encore repenser complètement le modèle?
Le meilleur modèle de gestion, la bonne recette, est celui qui ressemble à l’entreprise, rappelle Manon Pelletier.
Flexibilité et agilité face aux changements
En 2023, le principal enjeu en matière de ressources humaines demeure la pénurie de main-d’œuvre. La rareté de la main-d’œuvre fait les manchettes depuis des années; aujourd’hui cependant, on est aux prises avec une pénurie de main-d’œuvre.
Dans un contexte de pénurie, les plus grandes qualités qu’un employeur peut démontrer sont la flexibilité et l’agilité.
« Le modèle de travail hybride lorsqu’il est bien géré peut devenir un avantage distinctif pour l’employeur, rappelle Manon Pelletier. Il peut devenir un élément significatif pour la rétention et l’attractivité à condition qu’il soit rattaché à la culture d’entreprise, à son ADN, aux besoins des équipes et de la clientèle. »
Questionner pour améliorer les processus
La gestion du travail hybride doit correspondre aux besoins internes de l’entreprise. Dans une même entreprise, les équipes, les secteurs ou les métiers peuvent avoir des besoins différents. Donc, le modèle de travail doit répondre aux besoins spécifiques de chacun, selon Manon Pelletier.
« Dans un processus de validation ou de questionnement d’un modèle de travail hybride, l’important est d’impliquer les gens et de poser des questions. Mais attention! J’ai vu des entreprises soumettre un questionnaire à leurs employés, mais ne pas en tenir compte dans la solution ou ne pas faire de retour aux employés par la suite. L’employeur crée des attentes lorsqu’il consulte les employés, mais cela demeure la meilleure façon d’aller chercher les informations pour savoir ce qui se vit au quotidien dans l’entreprise. »
Il est important de noter que si l’employeur n’a pas l’intention de changer les processus et les façons de faire, il doit être prudent lorsqu’il questionne ses employés.
Le travail hybride pour contrer la pénurie de main-d’œuvre
En 2023, la rétention des employés va prendre toute son importance; d’ici 2030, c’est 1,4 million de postes qui seront à pourvoir au Québec, comparativement aux quelque 250 000 postes qui le sont aujourd’hui.
« Il est essentiel de mettre de l’avant des processus permettant de bien entourer ses ressources humaines et cela implique l’écoute, la bienveillance et l’ouverture, souligne Manon Pelletier. Plus que jamais, les employeurs doivent se soucier des enjeux liés au bien-être des employés : le stress, la surcharge de travail, la surcharge mentale. La santé physique autant que la santé mentale des travailleurs doivent être prises en compte par l’employeur. »