Analyse des risques physiques et psychosociaux au travail
Le premier Forum stratégique SST du Conseil du patronat du Québec (CPQ) sur les nouveautés en manière de santé et sécurité au travail (SST) a donné lieu à divers échanges sur plusieurs sujets, dont le suivant : les risques physiques et psychosociaux au travail constituent un enjeu coûteux pour les entreprises.
6 grands types de risques professionnels
Dans le cadre de leur activité professionnelle, les travailleur·euse·s sont exposé·e·s, selon la CNESST, à ces six types de risques :
- chimiques : ingestion, inhalation ou absorption cutanée de certaines substances;
- biologiques : agents infectieux, allergènes, toxines, poussières animales ou végétales;
- physiques : bruit, électricité, température et rayonnement;
- ergonomiques : mouvements répétitifs, postures statiques ou contraignantes et efforts excessifs;
- liés à sécurité : pièces d’équipement mobiles, sources d’énergie non contrôlées, chutes, mais aussi violence et agressions;
- psychosociaux : violence psychologique, harcèlement et événements traumatiques.
En ce qui concerne les risques psychosociaux, Me Andreea Rusu, avocate senior en droit de l’emploi et du travail chez Norton Rose Fulbright, précise qu’« il y a un ajout à la loi de la notion d’intégrité psychique – où les termes intégrité physique étaient utilisés – qui laisse transparaître la volonté du législateur d’accorder une place tout aussi importante à la santé psychique qu’à la santé physique. »
Cet ajout ne sera pas sans conséquence, selon Sylvain Lebel, premier vice-président du groupe santé et sécurité au travail de Telus Santé.
« Je m’attends à ce que la situation puisse changer drastiquement. On pense que ça va être le risque le plus important des prochaines années. »
Prévenir et identifier les risques au travail
En ce qui concerne la législation en matière de SST, selon la CNESST, « l’employeur a l’obligation de documenter par écrit les risques auxquels sont exposés les travailleurs et les travailleuses de son établissement et de ses chantiers de construction ».
L’implication des employé·e·s – notamment des intervenant·e·s en santé et sécurité – non seulement par l’observance des règles de SST, mais aussi par le signalement des risques et la suggestion de moyens pour améliorer la sécurité du milieu de travail, constitue un élément clé de la prévention.
L’identification des risques doit passer par une analyse qui tient compte de différents aspects de l’entreprise, dont :
- ses activités courantes;
- la composition et le niveau d’expérience de sa main-d’œuvre;
- ses activités moins fréquentes;
- les particularités propres à son secteur d’activité.
Les risques diffèrent en fonction du secteur d’activité, ce qui signifie qu’il est nécessaire de s’adapter, indique Jean Boulet, ministre du Travail. « D’un milieu de travail à l’autre, il faut s’assurer de bien les identifier. Au-delà de l’identification, le but, c’est de mieux les contrôler et d’éventuellement les éliminer. »
La prévention en amont pourrait constituer un outil efficace, selon Me Manuelle Oudar, présidente-directrice générale de la CNESST, qui souligne l’importance d’« instaurer très tôt les bons réflexes ».
Le cas du télétravail
Le milieu professionnel a beaucoup évolué au cours des dernières années, et la formule traditionnelle a perdu du terrain au profit du télétravail et du mode hybride. « Les employeurs ont des obligations en matière de prévention dans un contexte de télétravail », dit Me Andreea Rusu, qui propose des solutions pour gérer les risques physiques et psychosociaux, notamment :
- la mise en place d’une politique prévoyant les modalités d’accès de l’employeur à l’espace de travail dans un but de prévention, mais aussi en cas d’accident de travail;
- la formation ou l’offre de conseils aux employé·e·s quant à l’ergonomie du poste de travail;
- la mise en œuvre de stratégies de prévention, dont une politique contre le harcèlement;
- le maintien de l’engagement des travailleur·euse·s par l’établissement d’objectifs concrets et la mise en valeur de l’apport de chacun·e dans l’entreprise;
- une rétroaction récurrente de la part des gestionnaires;
- la planification de rencontres d’équipe en présentiel.
Des conséquences coûteuses
L’exposition prolongée d’une personne aux risques physiques affecte de manière progressive sa santé et son bien-être, ce qui entraîne souvent une augmentation des conséquences négatives.
Lorsqu’on ajoute à cela les risques psychosociaux, on accroît ceux de détresse psychologique, d’accidents du travail, de troubles musculosquelettiques, de maladie cardiovasculaire et d’accident vasculaire cérébral, selon l’Institut national de santé publique du Québec. En découlent des absences prolongées pour des raisons de santé, une qualité de travail grandement affectée et des coûts parfois très élevés pour l’organisation.
Ces conséquences néfastes pour la santé générale du personnel et financières pour les gestionnaires de PME pourraient donc être évitées en grande partie par la prévention.