La francisation, outil d’intégration des nouveaux arrivants

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17 février 2023

Pourquoi n’apprenons-nous pas les langues comme nous apprenons à monter à bicyclette? Après 15 années en développement des ressources humaines, Susan Doyle a fondé en 2005 l’Académie Doyle. Ses recherches poussées en neurosciences cognitives, émotionnelles et comportementales, lui ont permis de répondre à cette question. Cette approche unique permet aux étudiants de maîtriser une langue sans recourir au par cœur, en construisant une boîte langagière et en utilisant les neurones naturellement produits par le cerveau pour y déposer les connaissances. C’est l’apprentissage permanent des langues.

Crédit photo : Patrice Laroche, photographe – Journal Le Soleil

Recruter de nouveaux arrivants et les intégrer est une réalité pour de plus en plus d’entreprises. La francisation fait partie de ce défi puisque les PME sont soumises à des règles bien précises en matière linguistique, notamment l’établissement d’un processus de francisation en entreprise.

Selon la Charte de la langue française, « pour les entreprises qui emploient 25 personnes ou plus au Québec, la loi propose une démarche et des délais pour que l’implantation du français soit au cœur des activités québécoises de ces entreprises. »

Ainsi, la direction et les membres du personnel des entreprises doivent veiller à généraliser l’utilisation du français dans leur milieu au Québec.

Comment favoriser la formation et l’apprentissage de la langue?

« Le français est une langue difficile à maîtriser, explique Susan Doyle, fondatrice de l’Académie Doyle, une école de formation linguistique. La preuve : une étude a récemment démontré que 53 % des Québécois de 15 à 65 ans sont analphabètes fonctionnels. »

Susan Doyle suggère donc aux gestionnaires d’établir rapidement un plan de match dans le but de développer une nouvelle synergie au sein des équipes de travail.

« Ce sont les gestes qu’on pose, les petites activités qu’on organise et qu’on fait quotidiennement qui vont donner des résultats. Ce qui est important, c’est de voir à la synergie de nos équipes, c’est-à-dire de s’assurer que tout le monde est impliqué dans l’apprentissage du français, pas seulement les nouveaux arrivants. »

La clé de l’intégration : l’apprentissage de la langue

« Une personne qui ne parle pas la langue d’accueil est incapable de créer des liens et de parler d’elle-même, explique Susan Doyle. Il est important de faciliter les interrelations et les amitiés potentielles entre les gens et d’éviter la ghettoïsation des employés par groupe. »

La spécialiste propose une série d’activités qui faciliteront non seulement l’apprentissage du français, mais aussi l’intégration de ces travailleurs :

  • Expliquer, en français ou à l’aide de pictogrammes, le fonctionnement des appareils ou des machines que l’employé devra utiliser et indiquer quoi faire en cas d’urgence pour arrêter la machine rapidement et demander de l’aide;
  • Organiser, en entreprise, des activités de socialisation pour permettre des échanges et des rencontres entre les Québécois et les nouveaux arrivants;
  • Créer un journal de compagnie et y présenter, entre autres, différents membres du personnel, leur famille et leurs enjeux personnels;
  • Stimuler une nouvelle synergie d’équipe par le biais du club social de l’entreprise et susciter des relations amicales et des échanges;
  • Créer des occasions d’échanges hors du bureau pour que les travailleurs entrent en relation et aient du plaisir ensemble;
  • Assurer la présence, à la cafétéria, de facilitateurs de conversation pour aider à mettre en relation les gens pendant les heures de repos; il peut s’agir de bénévoles qui le font dans l’entreprise.

« Ces activités peuvent se faire à l’heure du lunch, pendant la fin de semaine, au moment des grandes fêtes de l’année », précise Suzanne Doyle.

Former son personnel prend une centaine d’heures

L’Académie Doyle prévoit 100 heures de cours de français pour obtenir un résultat intéressant et jusqu’à 300 heures pour qu’un étudiant avancé soit capable de rédiger des documents liés à son travail.

« Le temps pour la formation du personnel en français varie grandement, selon la fonction occupée dans l’entreprise. Pour développer une expertise de pointe au Québec, il faut être prêt à investir du temps et de l’argent dans ce projet et positionner le français comme une valeur importante pour l’entreprise », souligne Susan Doyle.

L’Académie Doyle offre une formation neuroscientifique adaptée aux employés et à l’entreprise.

« Étant donné que nous travaillons directement avec les outils internes de l’organisation, les employés apprennent le français à partir de leur propre expérience. C’est amusant, convivial, rapide et permanent. »

Aptitudes, potentiel et progression

Les gestionnaires doivent d’abord évaluer le niveau d’excellence qu’ils souhaitent promouvoir.

« Rares sont les gestionnaires qui vont investir dans un employé qui n’est pas obligé d’avoir des interactions avec ses collègues pendant la journée. »

Mais les conséquences d’une telle situation risquent d’être contreproductives, explique madame Doyle :

  • La solitude de cet employé à son poste de travail risque de le décourager ou de le déprimer;
  • Son manque de connaissances ne lui permet pas de se lier d’amitié avec ses collègues et il pourrait se sentir mésadapté;
  • Cet isolement linguistique pourrait l’inciter à déménager dans une autre province canadienne, puisque l’anglais est plus facile à maîtriser.

Contrairement au système scolaire qui évalue les apprentissages en fonction d’objectifs, l’Académie Doyle propose une évaluation des résultats.

« Nous avons mis sur pied des moyens qui nous permettent de mesurer les résultats. L’employé est fier de ses progrès. L’employeur comprend qu’il investit dans ses employés et génère le bonheur au travail. »

Des outils à mettre en place

« Il serait intéressant que notre amour du français se voie sur les murs de la compagnie comme sur l’interface Zoom ou Teams, lance Susan Doyle. Il faut que tous les employés sachent que le français est important pour l’entreprise. Que les gestionnaires eux-mêmes soignent leurs communications écrites et parlées. »

L’experte rappelle que ce sont les petites activités quotidiennes qui vont aider à obtenir des résultats hors du commun. « Chaque pas, chaque activité, chaque victoire va apporter des résultats exponentiels. »

Avez-vous mis en place des mesures pour favoriser l’apprentissage de la langue dans votre entreprise? Faites-nous part de votre expérience dans les commentaires ci-dessous!

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