Comment va la santé mentale de vos employé·e·s?

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28 novembre 2022

Le Dr Marc Robin est le directeur médical de Dialogue. En plus de travailler comme médecin en télémédecine, il dirige une équipe multidisciplinaire pancanadienne de médecins axée sur le développement d’une approche centrée sur le patient en soins de santé virtuels.

De nombreux Québécois et Québécoises ne vont pas bien. Et une mauvaise santé mentale a un impact sur les entreprises et le monde du travail.

Les statistiques indiquent qu’entre le début de l’année 2020 et la fin de 2021, le nombre de Canadiens et Canadiennes aux prises avec des problèmes de santé mentale est passé d’un·e sur cinq, à un·e sur quatre. Cette augmentation de 5 % concorde d’ailleurs avec les observations des Nations Unies à l’égard de l’état de la santé mentale dans le monde.

Pour faire le point sur les conséquences des problèmes de santé mentale chez les travailleurs et travailleuses, nous avons discuté avec le Dr Marc Robin. Médecin de famille, il est directeur médical chez Dialogue, une entreprise de soins virtuels fondée à Montréal en 2016 qui propose des services uniquement aux entreprises ou aux associations à l’intention de leurs employé·e·s ou de leurs membres.

C’est depuis le début de la pandémie que nous sommes en mauvaise santé mentale. Le confinement et l’isolation ainsi créée conjugués au stress relié à la crise sanitaire sont en cause tout comme les changements qui ont bousculé nos façons de travailler, estime le Dr Robin.

« Malgré le fait qu’on a retrouvé une certaine liberté, qu’on peut aller au magasin quand on veut, qu’on peut sortir voir les ami·e·s et que l’on va pouvoir tous se voir durant le temps des Fêtes, les problèmes de santé mentale persistent et deviennent plus chroniques. »

Santé mentale et travail : quelles conséquences?

Les inconvénients du télétravail sont nombreux et ils ont un impact important sur la santé mentale et le bien-être des employé·e·s :

  • problèmes de sommeil
  • difficulté à trouver l’équilibre entre la vie professionnelle et la vie personnelle
  • isolement social
  • augmentation du stress
  • altération de l’humeur
  • augmentation de la consommation d’alcool
  • sédentarité

« Depuis que la crise sanitaire s’est résorbée, nous sommes tous devenus sédentaires, souligne le Dr Robin; 80 % des Canadiens et Canadiennes ne font pas le minimum de pas requis pour préserver leur santé, en ce moment. Et à cela s’ajoute le stress financier lié à l’inflation. Un retour à des habitudes de vie plus saines est primordial. »

L’importance de favoriser la santé mentale au travail

Les coûts liés à l’invalidité au travail ont augmenté de 25 % en 2021 et ils vont augmenter encore cette année. Les problèmes de santé mentale au travail ont un impact sur la productivité du capital humain et c’est très coûteux pour une entreprise, affirme le directeur médical.

« Ce que les gestionnaires doivent savoir c’est que pour chaque dollar investi, ils vont récupérer de deux à quatre dollars parce qu’il y aura moins d’absentéisme, plus de présentéisme. La santé mentale c’est un enjeu fondamental pour les entreprises et le moment est venu pour les gestionnaires de parler de ce sujet avec leurs employé·e·s. »

Le prix des tabous en santé mentale

Dans une entreprise, il est important que les gestionnaires donnent l’exemple et démontrent que c’est correct de parler de santé mentale; que ce n’est pas une faiblesse! Il faut éviter d’en faire un sujet tabou.

« Les tabous font en sorte que les gens ne consultent pas, explique le Dr Robin; en conséquence, l’employeur apprendra que son employé·e souffre seulement lorsqu’il ou elle lui remettra un papier d’arrêt de travail. Les dirigeants doivent être en mesure d’offrir un espace sécuritaire de conversation et ils ont tout intérêt à mener par l’exemple. »

Tout comme les entreprises doivent investir dans leur machinerie, elles doivent aussi investir dans leur capital humain.

« Mais ce n’est pas aux gestionnaires de gérer les problèmes de santé mentale de leurs employé·e·s. Ça devrait être laissé à des spécialistes. »

Les jeunes, les femmes et les personnes marginalisées sont les plus touchées

Dans notre société, trois groupes sont plus touchés par des problèmes de santé mentale, précise le Dr Robin. Ce sont les jeunes, les femmes et les personnes marginalisées. C’est entre 18 et 40 ans qu’une personne est le plus à risque d’avoir des problèmes de santé mentale; jusqu’à l’âge de 40 ans, c’est 50 % des gens qui sont à risque.

« C’est très important pour des gestionnaires de le comprendre parce que si, dans une entreprise, la moyenne d’âge est de 29 ans, les façons d’intervenir dans une perspective de prévention en santé mentale seront différentes. Leur donner comme référence un numéro 1-800, par exemple, ne sera pas productif. »

Le directeur médical note également que ce sont les jeunes de 18 à 40 ans qui ont été le plus affectés par la pandémie, sur le plan de la santé mentale.

Ce ne sont pas de bonnes nouvelles parce que ce sont eux qui représentent l’avenir, la future génération dont vont dépendre les autres. Pour le Dr Robin, la priorité aujourd’hui est d’aider les gens à trouver une nouvelle normalité; cela passe par la prévention et trois éléments fondamentaux : un sommeil adéquat, la gestion du stress et la pratique d’activités physiques comme une marche de 20 minutes par jour.

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