Les systèmes de gestion de la SST sous la loupe
Plusieurs intervenant·e·s se sont rencontré·e·s dans le cadre du premier Forum stratégique SST du Conseil du patronat du Québec (CPQ) sur les nouveautés en manière de santé et de sécurité au travail (SST). Parmi les sujets abordés, les systèmes de gestion de la SST, vus par différent·e·s expert·e·s.
La base d’un SGSST
Moyens destinés à favoriser le maintien d’un milieu de travail sécuritaire, les systèmes de gestion de la santé et de la sécurité au travail (SGSST) permettent d’élaborer une politique et des objectifs en matière de SST et de suivre la progression vers l’atteinte de ces objectifs.
Les SGSST peuvent différer en fonction du type d’organisation ou du secteur d’activité, mais se basent toujours sur deux grands principes :
- L’amélioration continue, pour s’assurer que ce qui a été mis en place perdure et qu’un suivi est effectué pour procéder à des ajustements au besoin;
- Le partage des responsabilités, parce que la santé et la sécurité concernent tout le monde dans l’entreprise.
« Ce qu’on veut, c’est travailler ensemble pour instaurer une culture de prévention, favoriser la prise en charge dans tous les milieux, s’investir en santé et sécurité, déclare Me Manuelle Oudar, présidente-directrice générale de la CNESST. Pour nous, c’est un gage de succès, de rétention des travailleurs et travailleuses. Un gage de mobilisation aussi au sein des milieux de travail. »
Pour Sylvain Parisien, directeur SST de l’Association de la construction du Québec (ACQ), il faut que cela passe par une prise en charge de la santé et de la sécurité qui part de tout en haut et qui s’en va jusqu’en bas :
« Et où on active nos chefs d’équipe pour nous aider à contrôler les risques. »
La mise en application d’un SGSST
Parmi les principaux éléments qui composent un SGSST figurent la détermination et la gestion des risques présents dans l’entreprise ainsi que la détermination des obligations légales de l’organisation et des autres exigences auxquelles elle est soumise.
On en retrouve un exemple d’application à la Société de transport de Montréal (STM). « Depuis quelques années, explique Éric Vézina, chef de la division Santé et sécurité du travail de la STM, on s’est doté d’une matrice de priorisation basée essentiellement sur quatre éléments qu’on mesure constamment :
- Y a-t-il des exigences règlementaires?
- Est-ce un risque à tolérance zéro?
- Notre maîtrise du risque est-elle adéquate?
- Est-ce un enjeu stratégique pour l’organisation? »
L’apport des nouvelles technologies et des innovations
Les innovations sont incontournables dans la gestion de la SST.
« L’organisation du travail doit évoluer avec les technologies, affirme Me Manuelle Oudar. On n’a qu’à penser à toutes les transformations qui sont générées par le télétravail, les modes hybrides. Pensons aussi à tout ce qu’amène l’intelligence artificielle. »
Ces innovations ont permis à plusieurs organisations de mettre en place des mesures pour simplifier différents aspects du travail. « On a développé 10 formations en autoapprentissage, indique Éric Dunn, ing., président-directeur général de Prévibois, qui se spécialise en santé et sécurité. Il n’est pas facile de réunir [physiquement] 10, 15 ou 20 personnes, alors on a misé beaucoup sur l’autoformation. »
Des enjeux liés à la diversification de la main-d’œuvre
Au cours des dernières années, la pénurie de main-d’œuvre a fait en sorte que celle-ci s’est beaucoup diversifiée – travailleur·euse·s étranger·ère·s, jeunes, personnes retraitées – ce qui a mené à de nouveaux enjeux pour la gestion des risques professionnels.
À ce sujet, Dominick Turgeon, cofondateur et associé d’Entrac, qui œuvre en ergonomie au travail, mentionne entre autres les personnes immigrantes, qui se retrouvent « dans une culture beaucoup plus préventive pour nous qu’elle ne l’est pour elles et [qui] sont prêtes à prendre des risques pour garder leur emploi. »
En ce qui concerne les jeunes, Me Manuelle Oudar souligne l’importance d’« instaurer très tôt les bons réflexes, une culture de prévention pour de futurs employeurs et de futur·e·s travailleur·euse·s ».
Quant à la réintégration au travail des personnes retraitées, Dominick Turgeon rappelle que les capacités physiques diminuent avec l’âge et qu’il importe d’en tenir compte.
Des défis à relever
Différents défis accompagnent la modernisation de la SST. « Ce qui revient souvent dans nos sondages, note Me Manuelle Oudar, c’est une attente de simplification des démarches : non seulement bonifier les communications, mais aussi adapter l’accompagnement offert. »
Un avis que partage Sylvain Parisien. « Si on veut […] mieux participer à l’effort de prévention et de sensibilisation, on a besoin d’un portrait statistique global, ciblé et en temps réel. »
Selon Éric Vézina, les employeurs tireraient profit d’un meilleur accompagnement, d’une « destination », ainsi que des outils pour s’y rendre. Et l’atteinte de cette destination, renchérit Éric Dunn, nécessiterait de faire participer les travailleur·euse·s et de mettre des mécanismes de prévention en place.