Coffre à outils – Gagnez en expérience Comment retenir le personnel expérimenté?

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3 mars 2023

Elle a intégré l’IDQ en 2020, où elle a occupé les postes d’économiste principale puis de directrice adjointe.

Auparavant, elle a été économiste principale du Conseil de l’information sur le marché du travail à Ottawa et gestionnaire chez CIDE, une firme de services-conseils, où elle a œuvré dans les domaines du développement économique, de l’éducation et du développement de la main-d’œuvre.

Emna est détentrice d’un baccalauréat en administration des affaires de HEC Montréal et d’une maîtrise en économie de l’université Queen’s.

Une des solutions à la pénurie de main-d’œuvre consiste à encourager le prolongement de la vie active chez les personnes à l’aube de la retraite, ce qui comporte plusieurs avantages pour l’économie en général (disponibilité de la main d’oeuvre, maintien de l’expertise, transfert des connaissances) et pour les personnes concernées.

« Le personnel expérimenté, celui qui a entre 60 et 69 ans, se compose de gens très compétents qui ont beaucoup d’énergie et de connaissances, mais ils quittent le marché du travail, explique Denis Hamel, vice-président, Politique de développement de la main-d’œuvre au Conseil du patronat du Québec (CPQ). À partir de 60 ans, c’est à peu près 50 % des gens qui demeurent sur le marché du travail. Et à 65 ans, cette proportion tombe à 20 % alors qu’en Ontario, c’est 30 % des travailleurs et travailleuses qui ont l’âge de la retraite qui demeurent actifs et actives. »

De telles statistiques reflètent l’importance de l’enjeu : « Si on rattrapait l’Ontario en matière de pourcentage du taux d’activité, ça représenterait 77 000 personnes de plus sur le marché du travail. C’est beaucoup si on considère qu’au Québec, il y a 253 000 postes vacants. » On constate d’ailleurs qu’au 2e trimestre 2022, le taux d’activité des 60-69 ans était de 39 % au Québec comparativement à 46 % en Ontario.

« On ne parle pas de mettre tous les retraité·e·s au travail. On vise seulement à rattraper le taux de l’Ontario et à augmenter de quelques points le pourcentage de travailleurs et travailleuses expérimenté·e·s qui demeurent en activité. Ça aurait un effet considérable! On ne parle pas d’immigration ni de scolarisation ou autre; cette main-d’œuvre est ici et elle désire peut-être rester sur le marché du travail plus longtemps. C’est encore jeune, 65 ans, relativement à une espérance de vie de 84 ans. »

Marché du travail : Québec vs Ontario

Quelles sont les raisons pour lesquelles les Québécois sont plus nombreux que les Ontariens à prendre leur retraite passé le cap des 60 ans? Selon M. Hamel, il existe plusieurs facteurs qui expliquent cette réalité :

  • Au Québec, il y a plus de personnel dans le secteur public (23 % en 2022*) qu’en Ontario (19 %*). Ces personnes ont de bonnes conditions de retraite grâce à des fonds de pension à prestations déterminées. Même si elles décident de travailler plus longtemps, cela n’augmentera pas leur pension.
  • Le taux de syndicalisation est plus élevé au Québec (39,9 % en 2021*) que dans le reste du Canada et dans les entreprises syndiquées, les travailleurs·euses ont souvent des conventions collectives assorties de fonds de pension solides et plus rigides quant à la possibilité d’une retraite progressive.
  • Finalement, au Québec, nous sommes différents; notre côté latin et notre joie de vivre font en sorte que nous avons hâte de prendre notre retraite.

Attirez et fidélisez le personnel de 60 ans et plus

« Le fait que les Québécois·es envisagent leur retraite avec bonheur plutôt qu’avec appréhension risque en effet d’être un obstacle difficile à surmonter. Des changements de mentalités, ça prend du temps. C’est pourquoi le CPQ travaillera avec les gestionnaires pour maintenir ces personnes expérimentées sur le marché du travail. Gagnez en expérience : attirez et fidélisez le personnel de 60 ans et plus est un nouveau projet d’accompagnement des entreprises pour l’attraction et la rétention des travailleurs et travailleuses expérimenté·e·s. Ce projet se concentre essentiellement sur les pratiques porteuses et efficaces pour la main-d’œuvre âgée de 60 ans et plus. »

Dans un premier temps, le CPQ fera appel à 30 entreprises qui ont mis en œuvre des initiatives originales et réussies pour atteindre cette clientèle. Les meilleures pratiques en entreprise seront répertoriées et feront l’objet d’un projet pilote par la suite. Un coffre à outils sera rendu disponible pour tous les gestionnaires et un service d’accompagnement personnalisé sera offert gratuitement à 90 employeurs d’ici la fin de l’année 2024.

« Nous souhaitons être convaincants auprès des gestionnaires pour qu’ils soient ouverts à retenir leurs gens de 60 ans et plus. Par exemple, en période de forte inflation, certaines personnes envisagent peut-être de retarder leur retraite et de rester sur le marché du travail, mais pas à n’importe quelles conditions. Et c’est ce qu’on veut comprendre : quelles sont les conditions gagnantes pour garder la main d’oeuvre expérimentées sur le marché du travail? À 65 ans, les gens ne voudront pas travailler 40 heures par semaine avec deux semaines de vacances. Il faut donc leur offrir de bonnes conditions et trouver des incitatifs qui, devant l’inflation, pourraient leur donner envie de rester en poste un peu plus longtemps. »

Outre le salaire, des incitatifs peuvent être proposés aux ressources âgées de 60-69 ans, tels que :

  • le travail à temps partiel;
  • des vacances plus longues;
  • des mandats limités dans le temps.

« De plus, les travailleurs·euses expérimenté·e·s peuvent faire d’excellents mentor·e·s, d’excellents coachs. Ces personnes peuvent participer à la formation des employé·e·s plus jeunes. Il faut donc réfléchir aux conditions de travail et au type de travail qu’on peut offrir aux gens de 60 ans et plus. Notre recherche nous permettra de voir si d’autres aspects devraient être pris en compte. On comprend, par exemple, que le travail, après 60 ans, a une fonction sociale; il aide à briser l’isolement. Donc les gens qui ont pris leur retraite et qui s’ennuient n’auront aucun intérêt pour le télétravail. D’autres souhaitent demeurer actifs pour bénéficier d’une assurance collective. Nous souhaitons documenter ces facteurs afin de concevoir un coffre à outils destiné à aider les entreprises dans la rétention du personnel expérimenté », conclut Denis Hamel.

*Source : Statistique Canada

Votre entreprise a mis en œuvre des initiatives originales et réussies afin d’atteindre le personnel expérimenté de 60 ans et plus? Témoignez de votre expertise dans les commentaires!

Commentaires

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Thu-Ha Tô
Excellente analyse des gens de 60-69 ans ? Merci beaucoup! Ce serait bon de faire une étude sur les 60-80 ans qui désirent retourner au marché du travail pour résoudre le problème du manque de main d'œuvre.
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