Le 4 jours peut-il aider à attirer et à retenir les talents?

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11 novembre 2022

L’horaire allégé fait son entrée dans le monde du travail, et rien n’indique que cette tendance sera temporaire. Un horaire allégé, c’est par exemple un horaire de travail de 4 jours par semaine, 30 à 32 heures, plutôt que 40 heures sur 5 jours.D’autres formules existent aussi, comme 28 ou 32 heures sur 4 ou 5 jours (au choix).

Ce concept gagne rapidement en popularité auprès des nouvelles générations qui recherchent encore plus d’équilibre entre leur vie personnelle et leur travail. La notion d’équilibre est centrale pour ces employés; plus importante encore que le salaire ou les titres prestigieux.

Pour faire le point sur ce changement social profond qui se dessine, nous avons discuté avec Guylaine Deschênes, Ph. D., CRHA, conseillère sénior chez brh Réseau d’experts.

« Aujourd’hui, la tendance est vraiment à l’horaire allégé de 4 jours par semaine accompagné d’une rémunération au prorata. Dans la majorité des secteurs, il est fréquent de voir les employés accepter d’être payés à 80 % de leur salaire annuel pour avoir la chance de travailler 4 jours par semaine au lieu de 5 jours. »

L’horaire allégé, un atout pour les employeurs

Dans certains secteurs de l’économie, comme celui des technologies de l’information par exemple, où les talents recherchés sont très pointus et difficiles à trouver, il est fréquent que l’employeur décide de maintenir le salaire même lorsque l’horaire est allégé.

Deux tendances sont en train de prendre forme, selon Guylaine Deschênes. « D’un côté, certains employeurs sont prêts à offrir la semaine de travail de 4 jours, mais avec la même paie, donc sans baisse de salaire. De l’autre côté, on remarque que certains employés sont prêts à sacrifier une partie de leur revenu pour jouir d’un horaire allégé et, en fin de compte, avoir une meilleure qualité de vie. »

Ainsi, les employeurs qui offrent un horaire allégé sont mieux positionnés pour attirer les candidats.

« L’horaire allégé devient un atout de taille pour une entreprise qui cherche à attirer, à retenir et à fidéliser son personnel, notamment les jeunes qui fondent leur famille et qui recherchent l’équilibre, puisqu’il contribue à augmenter la satisfaction au travail. Le vent tourne et on se dirige vers ce genre d’horaire au moins pour les 10, 20 prochaines années. »

La qualité de vie, une priorité

Alors que la guerre de talents fait rage, les employeurs comprennent l’importance de garder leurs bons employés et d’en attirer des nouveaux. L’horaire allégé devient donc un outil pour les employeurs qui font face à la pénurie de main-d’œuvre.

« Les employeurs maximisent leurs chances de recevoir des candidatures de qualité, souligne madame Deschênes, s’ils sont en mesure de répondre à la volonté des candidats d’améliorer leur qualité de vie. »

Pratiquement toutes les générations souhaitent travailler moins d’heures par semaine, mais « la volonté d’avoir un horaire allégé vient principalement des jeunes et des retraités qui sont de retour sur le marché du travail. »

Guylaine Deschênes rappelle les défis que représente le fait de travailler 5 jours par semaine lorsqu’on a des rendez-vous pour ses enfants ou lorsqu’on s’occupe de parents malades ou âgés.

« L’horaire allégé va permettre à l’employé de s’occuper de ses proches et de sa propre santé lors de sa journée de congé tout en étant pleinement présent lors des 4 autres journées. »

Et la demande pourrait éventuellement passer à une semaine de travail de 3 jours, estime Guylaine Deschênes.

L’horaire allégé, gagnant sur toute la ligne

L’horaire allégé offre beaucoup plus d’avantages que d’inconvénients, selon la spécialiste RH, et ce, tant pour l’employeur que pour l’employé. Pour les deux parties, une fois la période d’adaptation passée et les détails clarifiés, les inconvénients se gèrent bien.

« À partir du moment où les réunions d’équipe sont fixées, que les moyens de communication sont adaptés et que l’employé arrive à s’autodéterminer pour accomplir son travail dans les délais requis, il ne reste que les avantages. »

Un défi de gestion, un enjeu de productivité

Pour les employeurs, il s’agit d’un défi de gestion supplémentaire. « Un défi que certains vont accueillir positivement, souligne madame Deschênes, car ils y voient les avantages pour leurs employés qui seront ainsi plus reposés et plus productifs. »

En effet, les études indiquent qu’il y aurait une hausse de productivité dès que l’employé perçoit qu’il jouit de flexibilité dans la détermination de son horaire et dans la façon d’aménager son temps de travail ou son lieu de travail.

« L’employé sera plus productif, car l’horaire allégé correspondra mieux à ses besoins personnels et lui permettra de mieux gérer son énergie. Donc, oui, il semble y avoir une corrélation positive avec la productivité. »

Finalement, la spécialiste fait une mise en garde : « les entreprises qui refusent d’envisager l’horaire allégé pour leurs employés risquent de perdre ces employés. »

Préserver la notion d’équité

« Lorsqu’on instaure l’horaire allégé, il existe un risque réel lié à la préservation de l’équité, qui peut être mitigé par l’adoption de politiques claires », souligne Guylaine Deschênes.

« Ces politiques peuvent inclure une série de critères que les employés doivent satisfaire pour se prévaloir de l’horaire allégé. Certaines conditions, comme le nombre de mois en emploi, peuvent être exigées. Il est aussi important que tous les gestionnaires de l’entreprise gèrent l’horaire allégé de la même façon; il faut éviter que, dans une équipe, un gestionnaire accepte de l’offrir à tous les employés qui le demandent, alors que le gestionnaire d’une autre équipe fait preuve de résistance. »

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