L’immigration peut-elle rééquilibrer le marché d’ici 2040?
La pénurie de main-d’œuvre au Québec pourrait perdurer jusqu’en 2040; un phénomène qui force les entreprises à évoluer dans un contexte de déséquilibre entre employeur et employé·e∙s. Le phénomène est annoncé depuis longtemps, mais il est vécu intensément par les gestionnaires depuis deux ou trois ans.
Une partie de la solution se trouve dans le recrutement international et l’immigration, selon Marc Audet, président du Groupe AURAY, une filiale de Raymond Chabot, qui offre une expertise en recrutement international et en immigration, ainsi qu’en recrutement de cadres et de professionnel∙le∙s.
« Cette situation de pénurie de main-d’œuvre a été annoncée il y a une dizaine d’années déjà, mais personne n’y prêtait attention; on a trop souvent le nez collé sur l’arbre et on ne voit pas la forêt. »
Pour M. Audet, la loi du nombre est indéniable et la courbe démographique au Québec illustre une dure réalité pour les entreprises.
« Les entrepreneurs ne pensaient pas que la réalité démographique aurait un impact aussi important sur leurs affaires, mais aujourd’hui ils réalisent chaque jour que l’eau monte dans la piscine et que l’eau va monter pendant un bon bout de temps. »
Un indice de remplacement négatif
L’indice de remplacement est un indicateur qui permet de connaître le nombre de personnes âgées de 20 à 29 ans disponibles pour remplacer 100 personnes âgées de 55 à 64 ans susceptibles de se retirer du marché du travail.
« En 2023, cet indice pour l’ensemble du Québec est à 85 pour cent, donc déficitaire. C’est seulement entre 2030 et 2036 qu’on voit un équilibre se dessiner pour certaines régions : Nord-du-Québec, Montréal, Capitale-Nationale, Outaouais, Abitibi-Témiscamingue et Saguenay. Les autres régions seront encore déficitaires en matière d’indice de remplacement. Chaque région a donc sa propre réalité économique. »
L’immigration fait partie de la solution
« La réalité au Québec aujourd’hui, c’est qu’il n’y a pas assez de travailleurs et de travailleuses. Un travailleur ou une travailleuse qui part du point A pour se rendre au point B ne règle rien. La solution est d’amener plus de monde sur le marché du travail, en attendant que le niveau de productivité compense au cours des prochaines années. »
Le président du Groupe AURAY souligne que, depuis plusieurs années, le Québec affiche un retard par rapport aux autres provinces en matière d’immigration. Les entreprises québécoises utiliseraient moins les outils fournis par le gouvernement du Canada pour recruter à l’étranger que celles des autres provinces.
« L’immigration peut être une solution temporaire ou une solution à moyen ou à long terme dépendamment de la stratégie d’entreprise. Les travailleurs et travailleuses étrangers temporaires arrivent au pays avec un permis de travail fermé, c’est-à-dire qu’ils sont, par la loi, assignés à un seul employeur et à un seul établissement, selon un salaire déterminé, et le permis est généralement valide pour une durée de deux ans et renouvelable. Donc le travailleur ou la travailleuse international arrive au Québec en étant déjà assigné à une entreprise. »
Les avantages du recrutement international
Pour les entrepreneurs qui craignent que les coûts liés au recrutement international dépassent leurs moyens, Marc Audet affirme que recruter à l’international représente le même coût, du moins pour leur organisation, que le recrutement sur le marché domestique, mis à part certains frais comme le billet d’avion pour certaines catégories de travailleurs et travailleuses, ainsi que les frais gouvernementaux.
« On parle de plus ou moins 3 000 $ amorti directement parce que ces personnes de l’étranger resteront en poste pendant deux ans ou plus, garanti. »
Autre argument en faveur du recrutement international, selon M. Audet : le Canada et le Québec ont un pouvoir d’attraction sur les travailleurs et les travailleuses étrangers.
« Rien ne sert d’attendre avant de vous lancer, soutient M. Audet, parce que la situation de pénurie de main-d’œuvre risque de durer jusqu’en 2040. Donc, on si on attend, on ne fait que repousser le problème. »
Aller de l’avant avec un accompagnement
Étant donné que la majorité des PME au Québec n’ont pas de service de ressources humaines, faire appel à une organisation externe peut être utile pour évoluer plus facilement dans un univers de bureaucratie qui change constamment. Un service d’accompagnement peut également épauler les entreprises afin de développer une stratégie d’immigration sur mesure.
Marc Audet rappelle qu’il faut prévoir en général huit mois avant que le travailleur ou la travailleuse de l’étranger commence à travailler dans l’entreprise qui l’a recruté.
Ressources :