Du contrôle à la confiance

Conseiller en ressources humaines agréé (CRHA) et coach certifié en leadership.

Avec l’arrivée du télétravail à plus grande échelle, le mode de gestion axé sur les résultats s’est imposé comme la solution à la gestion d’équipe à distance. Est-ce pour autant la fin d’un mode de gestion plus traditionnel basé sur le suivi plus étroit des horaires et des tâches accomplies par les employés ? Pas forcément.

La gestion axée sur le contrôle

Certains gestionnaires habitués à un mode de gestion traditionnel ont souhaité garder le sentiment qu’ils exercent un certain contrôle sur les employés sur lesquels ils ne peuvent plus garder l’œil. Certains se tournent même vers des systèmes de surveillance technologique pour exercer ce « contrôle ».

Selon les logiciels choisis, on peut surveiller l’utilisation de l’ordinateur, du réseau, d’Internet, du courrier électronique et du téléphone, et mesurer autant l’inactivité que la fréquence et la durée des diverses connexions.

Ce mode de gestion est encore privilégié dans certains secteurs d’activité. « S’il y a de l’interface client, c’est sûr qu’il doit y avoir un style de gestion beaucoup plus directif parce qu’on a vraiment un service client à rendre, en direct », reconnaît Jorj Hélou, conseiller en ressources humaines agréé (CRHA) et coach certifié en leadership.

La gestion à distance soulève certains enjeux. Avec ce type de surveillance, il est particulièrement important de mettre en place des ententes et des politiques claires, surtout en télétravail, afin de bien délimiter les sphères professionnelle et privée.

La gestion axée sur les résultats

La gestion axée sur les résultats s’est imposée dans de nombreux secteurs. Elle est bien adaptée à une gestion à distance. Ce mode de gestion offre une certaine liberté d’exécution, notamment en ce qui concerne les horaires de travail. Ceux-ci sont alors laissés à la discrétion du travailleur, qui hérite en contrepartie de l’obligation de livrer la marchandise.

Ce type de gestion est basé sur des notions comme l’autonomie et l’imputabilité. Il met en relief l’importance de la communication et de la mise en place d’indicateurs de performance (KPI) adéquats. Selon Jorj Hélou, les domaines qui tendent vers la conception et le développement sont les plus susceptibles de s’adapter à ce style de gestion « ouvert et libéral ».

Catapulte communication, une agence de relations publiques de Québec pratique ce type de gestion à distance depuis 2017. L’entreprise n’a pas de bureau, chacun travaille d’où il veut. Cette façon de faire a comme principal avantage de permettre à l’employeur d’engager les meilleures ressources, peu importe où elles se trouvent, selon Maxime Couture, vice-président aux opérations et associé. Il affirme que la confiance règne : « J’engage des gens qui sont plus forts que moi dans leur domaine et j’ai confiance qu’ils vont faire les choses mieux que moi. J’essaie d’être le patron que j’aurais aimé avoir. »

Et la cohésion ?

Si ce mode de gestion accentue le sentiment de confiance des employés, leur autonomie et, dans de nombreux cas, leur productivité, il représente des enjeux sur la cohésion des équipes. Comment garder ses équipes soudées lorsque chacun travaille chez soi ? « Ça demande un bon système d’échanges », reconnaît Maxime Couture. « On est sur Slack (une plateforme de travail collaboratif), on fait des rencontres sur Zoom, pendant lesquelles on essaie d’échanger le plus possible. Il faut juste être conscient de cette difficulté-là et mettre de l’avant les moyens pour que ça fonctionne », poursuit-il.

Les conditions du succès

Pour avoir du succès, le mode de gestion axée sur les résultats doit respecter quelques principes.

Du côté des travailleurs, l’exigence d’imputabilité doit être accompagnée d’une solide sécurité psychologique. « Le gestionnaire doit se demander comment il peut amener ses employés à se sentir en sécurité sur le plan psychologique », indique Jorj Hélou. Par exemple, comment réagir en cas d’erreurs ?

L’agilité à distance

Un autre facteur clé de la réussite du mode de gestion axée sur les résultats est l’agilité. Née au début des années 2000 dans le domaine du développement de logiciels, la méthode Agile repose sur plusieurs principes : privilégier les individus et leurs interactions, collaborer avec les clients (plutôt que négocier) et s’adapter en continu. En mettant l’accent sur la communication et en s’appuyant sur la notion de confiance, l’agilité contribue fortement au succès de la gestion d’équipe en télétravail.

L’agilité fait partie de l’ADN de Sentiers Boréals de Granby, une entreprise spécialisée dans l’aménagement de sentiers naturels pour le vélo de montagne et autres disciplines similaires. C’est ainsi que l’entreprise réussit, depuis six ans, à gérer des projets et des équipes partout au Québec, donc à distance.

Depuis mars 2020, l’équipe administrative a aussi troqué le bureau principal pour la maison. La différence du point de vue de la gestion ? « Deux réunions quotidiennes plutôt qu’une », déclare son PDG, Jérôme Pelland, sur un ton qui confirme que ce changement n’est aucunement perturbateur.

Comme pour Maxime Couture, le secret de Jérôme Pelland réside dans le soin qu’il met à recruter les meilleurs employés : « Nous utilisons la méthode des 34 talents de Gallup afin de repérer chez nos candidats les forces dont nous avons besoin. »

En conclusion, l’environnement est en mouvance continuelle et les entreprises changent, mais est-ce que votre mode de gestion s’y adapte?

« Les espèces qui survivent ne sont pas les espèces les plus fortes, ni les plus intelligentes, mais celles qui s’adaptent le mieux aux changements. » – Charles Darwin

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