Transformation du travail : les enjeux du télétravail en 2022
L’année qui vient de se terminer a de nouveau offert aux employeurs et aux gestionnaires de PME de nombreux défis à surmonter. En cette deuxième année de pandémie de COVID-19, la transformation du travail s’est poursuivie, portée notamment par l’engouement des travailleurs pour le télétravail et par le désir des employeurs d’attirer et de conserver des ressources humaines de qualité.
Voici un survol d’enjeux reliés à la transformation du travail qui seront toujours d’actualité en 2022 ainsi qu’un aperçu de ceux qui risquent de prendre de l’importance.
Des enjeux déjà connus
Après le choc de l’instauration massive et précipitée du télétravail en 2020, 2021 a été l’année où les employeurs ont pris conscience que le télétravail ne disparaîtrait probablement pas, malgré un assouplissement des mesures sanitaires. Ils ont donc dû affronter certains défis comme :
Le sentiment d’appartenance
Loin des yeux, loin du cœur? Les employeurs ont dû trouver des solutions originales pour entretenir le sentiment d’appartenance de leurs employés à la maison, notamment afin de réduire la distance psychologique entre les membres des organisations.
L’hyperconnectivité
Le télétravail a contribué à amincir la frontière entre la vie privée et la vie professionnelle en raison des espaces partagés, des communications virtuelles facilitées et d’une disponibilité accrue. Les employeurs ont dû se pencher sur le droit à la déconnexion.
Les politique et charte de télétravail
Avec le constat que le télétravail était sans doute là pour rester, même intégré à un mode de travail hybride, les employeurs ont dû se doter de politiques et de chartes de télétravail afin de bien encadrer les pratiques professionnelles aussi bien qu’humaines au sein des entreprises.
Quels défis pour 2022?
Incertitude et santé mentale
La propagation fulgurante du variant Omicron en toute fin d’année 2021 a fait perdre à de nombreuses entreprises la vitesse de croisière « confortable » qu’elles croyaient peut-être avoir atteinte au prix de nombreux efforts et compromis.
En plus de devoir gérer un retour en télétravail obligatoire et les nombreuses absences provoquées par la maladie, les employeurs ont dû se préoccuper encore davantage de la santé mentale des travailleurs – et de la leur! Car après l’espoir de jours meilleurs grâce à l’arrivée des vaccins, la réalité de cette nouvelle vague a frappé fort. Dans La Presse du 2 janvier, interrogée par la journaliste Chantal Guy, Marie-Ève Cotton, psychiatre, parle d’une « fatigue d’adaptation » : « Ça fait plusieurs mois qu’on s’adapte, qu’on patiente, qu’on tolère l’incertitude. Changer demande beaucoup d’énergie, et il n’y a pas beaucoup de gens qui en ont de grandes réserves en ce moment. »
Même si le sujet de la santé mentale est sur toutes les lèvres depuis le début de la crise pandémique, il est essentiel de se rappeler à quel point le bien-être des travailleurs est important et que la notion de performance doit absolument être attachée à celle de la santé.
Tant sur le plan physique que psychologique, la santé joue un rôle manifeste dans la qualité du travail et de la performance des employés. Mais au-delà de cette considération, une bonne santé mentale et un environnement favorable au bien-être « permettent de diminuer le taux de roulement et l’absentéisme au sein de votre entreprise et d’augmenter la productivité et la satisfaction personnelle de vos employés », selon Entreprises Québec.
Le défi pour les gestionnaires? Maintenir le même niveau d’engagement pour les travailleurs à la maison et ceux sur le lieu de travail en mettant en place des méthodes de suivi et d’évaluation efficaces – particulièrement à distance –, et en définissant des actions à entreprendre en cas de besoin.
Des réformes à surveiller
Certains changements apportés dans le projet de loi no 59 sur la modernisation du régime de santé et de sécurité du travail sont déjà en vigueur depuis le 6 octobre 2021, comme celui qui confirme que la Loi sur la santé et la sécurité du travail (LSST) « s’applique à la travailleuse ou au travailleur qui est en télétravail ainsi qu’à son employeur, sous réserve de dispositions qui ne seraient pas conciliables. »
À terme, cette réforme comportera de nombreuses modifications liées à des sphères très diverses telles que les maladies professionnelles, la transformation numérique et la protection des stagiaires.
Les employeurs et gestionnaires devront donc être vigilants, dans les mois et les années à venir, afin de s’adapter à cette nouvelle mouture de la LSST.
Une même attention devra être portée au projet de loi no 96 sur la protection du français, qui est toujours à l’étude. « Le gouvernement Legault espère renforcer le statut du français ‘’dans toutes les sphères de la société’’ », selon un article de La Presse du 10 janvier. Cependant, les articles de la loi qui visent le monde des affaires soulèvent certaines craintes auprès des dirigeants d’entreprises en raison d’exigences qui pourraient notamment compliquer ou freiner les opérations, l’obtention de contrats et le recrutement.
L’ÉDI
Les questions d’équité, de diversité et d’inclusion (ÉDI) au sein des entreprises sont toujours extrêmement pertinentes en 2022 alors que, justement, on prend conscience de l’importance du bien-être professionnel, et que les employeurs cherchent toujours à attirer et retenir les talents.
Parmi les pratiques de gestion pouvant favoriser l’ÉDI au travail, on trouve :
- S’éduquer – Les employeurs et les gestionnaires qui souhaitent intégrer davantage d’ÉDI dans leur organisation doivent d’abord s’assurer de bien saisir la variété et la complexité des enjeux qui y sont reliés.
- Éduquer – L’éducation de l’ensemble du personnel est tout aussi essentielle. Cela peut se faire à l’aide d’activités comme la création de comités pour discuter de certains sujets ou la présentation de conférences, par exemple.
- Analyser – Les pratiques en place doivent être évaluées et analysées, notamment sur le plan du recrutement, afin d’éliminer les biais inconscients – ou préjugés – du processus.
- Adapter – La formulation des documents d’entreprises comme les politiques et les procédures peut être révisée à l’aide de l’écriture inclusive afin que chacun se sente personnellement concerné par ceux-ci.
- S’ouvrir – Faire preuve d’ouverture et de créativité dans la conception de solutions adaptées à diverses réalités, par exemple, dans l’aménagement d’espaces de travail pour des personnes ayant des besoins particuliers.
Des lieux de travail flexibles
Dans un article de Julie Barlow publié dans la revue Gestion, nullement surpris par l’engouement pour le télétravail – tant du côté des employés en raison des avantages que de celui des employeurs en raison de l’augmentation de la productivité –, des experts s’intéressent à la transformation du lieu physique de l’entreprise « qui devient plutôt un milieu de travail hybride et flexible ».
Sans sonner le glas des bureaux physiques, ils suggèrent que « dans un milieu de travail hybride, le bureau doit être imaginé en tant que destination plutôt que comme un centre », et invitent les employeurs, notamment, à déterminer les raisons valables pour faire venir les gens au bureau et à aménager les lieux en conséquence.
Le développement des compétences personnelles
Cette année, si ce n’est déjà fait, il est grand temps d’investir dans le développement des compétences personnelles des travailleurs pour miser encore plus sur leur autonomie et favoriser la qualité des communications à distance.
La tolérance à l’ambiguïté, l’adaptabilité, la gestion du stress et la maîtrise de l’écoute active sont parmi les compétences humaines pouvant faire une grande différence dans un contexte de télétravail ou de travail en mode hybride.
Et plus
D’autres enjeux devront sans doute être abordés par les employeurs et gestionnaires en 2022. La réorientation des valeurs des employés (travailler mieux versus travailler plus), la maîtrise de plus en plus nécessaire de la technologie et, même si on en parle déjà beaucoup, l’importance capitale de l’ergonomie en télétravail devraient également occuper une place importante dans les défis qui les attendent.
Parions qu’ils ne s’ennuieront pas.