Créer un milieu de travail inclusif avec les bons mots

Articles
Articles
|
28 avril 2022

Alexandre est directeur adjoint chez TRSB depuis 10 ans et dirige une grande équipe qui œuvre dans les domaines bancaire, financier et gouvernemental. Il cumule près de 18 ans d’expérience dans le secteur des services linguistiques.

Coralie est traductrice principale chez TRSB depuis quatre ans, dans le domaine de la traduction bancaire. Elle s’intéresse beaucoup à l’évolution de la langue française et participe activement aux initiatives en lien avec l’écriture épicène et inclusive de l’entreprise.

En parallèle du télétravail, de la pénurie de main-d’œuvre et des problèmes de rétention, les questions d’équité, de diversité et d’inclusion sont plus présentes que jamais dans l’esprit des gestionnaires québécois. Bien sûr, communiquer de façon inclusive dans une société où la francisation est cruciale au sein des entreprises peut présenter quelques enjeux.

Afin d’étudier cette question, nous avons rencontré deux experts de TRSB.

« Est-ce qu’on doit adapter la langue française? »

Pour Alexandre Bujold, directeur adjoint chez TSRB, il ne fait « aucun doute que la pandémie a été un élément déclencheur de cette volonté de communiquer de façon plus inclusive. Depuis trois ans, les demandes pour nos services en écriture inclusive ont augmenté de façon très nette et très marquée. Après des mois de confinement, je pense que les entreprises souhaitent se rapprocher de leurs employés et de leur clientèle. Nos clients voient aussi ce qui se passe dans la culture populaire. La question est vite devenue : est-ce qu’on doit adapter la langue française? »

Pour répondre à ces nouvelles demandes, TRSB a mis sur pied à l’interne une équipe spécialisée en écriture épicène et inclusive. Coralie Savoie-Lavigueur est traductrice et responsable de cette nouvelle équipe.

« Plusieurs de nos clients qui demandent des traductions de l’anglais vers le français sont des femmes. L’anglais est une langue qui est moins marquée par le genre que le français. Il y a moins de mots féminins, masculins et on ne fait pas les accords d’adjectifs. L’écriture épicène et inclusive est un peu plus simple en anglais qu’en français et ça générait certains questionnements. »

Écriture épicène et inclusive en entreprise : objectifs et stratégie

Un des objectifs de l’écriture épicène et inclusive, selon Coralie Savoie-Lavigueur, est de faire une place plus importante aux femmes.

« La règle en français qui dit que c’est le masculin qui l’emporte fait en sorte qu’on camoufle le féminin. D’ailleurs, une des règles de l’écriture épicène, c’est ce qu’on appelle l’accord de majorité et qui permet d’accorder en fonction du genre le plus nombreux dans un groupe donné. Par exemple, on pourrait écrire que les infirmiers et les infirmières sont heureuses, car, normalement, il y a plus d’infirmières que d’infirmiers. Donc, oui, la représentation des femmes est importante dans l’écriture épicène, mais il faut aussi suivre les changements qui ont lieu dans la société. »

Une autre stratégie consiste à utiliser des noms épicènes, soit des mots qui restent identiques au féminin comme au masculin :

  • collègue,
  • spécialiste,
  • membre,
  • responsable.

Ou encore des adjectifs comme :

  • dynamique,
  • habile,
  • apte,
  • sympathique.

« Avec ces mots, les accords ne changent pas si on les utilise comme féminin ou masculin et cela permet de produire des textes plus épicène et plus neutre. On peut aussi utiliser des noms collectifs; utiliser le mot personnel au lieu de parler des employés, écrire la communauté étudiante au lieu de dire étudiants et étudiantes. Pour les noms collectifs, on peut utiliser les fonctions; au lieu de dire directeur, directrice on écrit la direction. On peut aussi parler d’entrepreneuriat au lieu d’entrepreneur. L’utilisation de ces mots permet de créer des textes qui ne sont pas trop lourds », ajoute Coralie Savoie-Lavigueur.

Contourner les pièges de l’écriture épicène et inclusive

« La grande crainte de nos clients face à cette volonté d’être plus inclusifs en passant à l’écriture épicène est de créer des lourdeurs qui rendent la lecture plus difficile, tant d’un point de vue technique que marketing », souligne Coralie Savoie-Lavigueur.

Un des pièges qui guette les rédacteurs, c’est de penser que l’écriture épicène est synonyme de doublet. Si les doublets sont utilisés chaque fois qu’on rencontre un mot genré, les textes vont devenir lourds et difficiles à lire.

Les experts de TRSB conseillent donc aux entreprises de commencer progressivement. « C’est un gros virage, explique Alexandre Bujold, et ce n’est pas tout le monde qui va accueillir ce changement avec enthousiasme. On ne recommanderait pas à un client de changer l’ensemble de ses communications du jour au lendemain. Allez-y de façon progressive. »

Le français, comme les entreprises, en pleine évolution!

« La langue suit l’évolution de la société, c’est pour ça que notre langue est vivante. L’écriture inclusive aussi est en constante évolution. Il n’y a pas de règles clairement établies. Ce qu’on voit aujourd’hui, ce ne sera peut-être pas la réalité de demain. Le concept d’évolution de la langue française est important et nous restons à l’affût des règles et des nouvelles façons de faire », conclut Alexandre Bujold.

Ressources

L’écriture inclusive est une façon différente de rédiger qui oblige à repenser les phrases pour inclure le plus de monde possible. Certaines entreprises se dotent d’un guide d’écriture destiné à toute personne qui rédige du contenu. Pour trouver des ressources :

Commentaires

Partager sur mon fil d’actualité

Powered by WP LinkPress

Inscrivez-vous à l’infolettre

  • Ce champ n’est utilisé qu’à des fins de validation et devrait rester inchangé.