Leadership bienveillant… Quoi? Comment? Pourquoi?

Ancienne Présidente-directrice générale d’EVOL

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Depuis la mise en place du télétravail généralisé, force est de constater que la plupart des tâches s’accomplissent aussi bien à distance qu’elles l’étaient auparavant en présentiel.

Et dans le contexte actuel de transformation du marché du travail, de plus en plus d’employeurs optent pour le leadership bienveillant, délaissant un modèle traditionnel trop directif au profit d’un type de gestion axé davantage sur l’humain.

Qu’est-ce que le leadership bienveillant?

Pour Sévrine Labelle, ancienne présidente-directrice générale d’Evol (anciennement Femmessor), une organisation qui a mis en place un modèle de gestion s’inspirant des entreprises libérées, le leadership bienveillant « place l’empathie au cœur de ses valeurs et de ses priorités » et vise à réaliser des projets tout en tenant compte de toutes les parties prenantes de l’organisation, tant les actionnaires et partenaires financiers que les employés et la communauté à laquelle elle offre ses services.

Le but consiste selon elle à « diriger tout en ayant pour objectif de contribuer au bien commun, en accordant une place prépondérante aux humains », mais également à soi : « Le leadership bienveillant, c’est aussi envers soi-même. Être capable, comme chef d’organisation, de prendre soin de soi, de se montrer vulnérable. »

Une entreprise qui choisit d’adopter le leadership bienveillant place l’humain au cœur du processus décisionnel, croit également Suzanne Bergeron, présidente de Sodexo Canada :

« Dans notre industrie du service, où nos employés sont nos ambassadeurs et s’emploient à offrir une expérience et un service personnalisés, il est impératif de faire preuve de la même courtoisie envers eux. Chaque employé est unique et nous devons favoriser un environnement qui permet à chacun d’être reconnu pour qui il est. »

Pourquoi et comment instaurer ainsi que cultiver le leadership bienveillant?

Pénurie de main-d’œuvre oblige; les employeurs se trouvent devant une situation qui les forcent à constater qu’un mode de gestion trop directif risque de faire fuir la main-d’œuvre qualifiée, devenue très sélective en matière de conditions de travail.

Alors, comment mettre en place un leadership bienveillant au sein d’une entreprise? Les deux expertes s’entendent pour dire que le mouvement doit venir de l’équipe de direction.

« Il doit y avoir alignement sur cet écosystème de bienveillance (politiques, avantages sociaux, programmes pour les employés, santé mentale, formations, rémunération, etc.), dit Suzanne Bergeron. De cette façon, les bons comportements sont émulés à tous les échelons de l’organisation. Il est également important d’étendre notre leadership bienveillant à l’extérieur de notre organisation, dans la communauté, et d’en faire preuve avec nos partenaires, fournisseurs et clients. »

Pour instaurer le leadership bienveillant, on doit être à l’écoute des attentes des parties prenantes de l’organisation – employés, clients, communauté, actionnaires, etc. –, et déterminer comment conjuguer le tout en adoptant des valeurs d’empathie et de respect, note Sévrine Labelle.

D’après elle, les fruits de ce nouveau mode de gestion seraient nombreux :

  • Engagement hors du commun de l’équipe envers l’organisation;
  • Partage plus équitable des responsabilités;
  • Rendement plus élevé, fort sentiment d’accomplissement et bonheur plus grand;
  • Capacité accrue d’attraction et de rétention de la main-d’œuvre;
  • Meilleure perception de l’organisation par la communauté (clients, fournisseurs, etc.) : « Les consommateurs agissent de plus en plus comme des “consommacteurs”, et par leurs choix, ils “votent” – dans une certaine mesure – pour des entreprises qui adoptent des pratiques plus bienveillantes », note l’experte.

« Les avantages sont directement liés à l’engagement des équipes, dit Suzanne Bergeron. Le respect attire le respect. Et dans le contexte actuel de pénurie de main-d’œuvre, un fort engagement des équipes et leur volonté de promouvoir notre marque employeur sont la meilleure façon d’attirer de bons talents. »

Des obstacles au leadership bienveillant?

Pour Suzanne Bergeron, les limites potentielles de ce mode de gestion émanent d’un manque de cohésion à l’intérieur de l’organisation.

« Par exemple, un décalage entre les propos, les intentions communiquées et les politiques et procédures internes. Cette incohérence peut aussi être créée par des individus dans l’organisation qui n’ont pas les bons comportements ni la bonne attitude. À partir du moment où ces personnes sont repérées, il est important que la direction prenne les décisions et les actions nécessaires pour ne pas aggraver davantage le manque de cohésion (walk the talk). »

On peut parfois avoir l’impression que pour être un bon chef d’entreprise, il faut posséder une confiance en soi à toute épreuve et savoir se montrer directif, croit Sévrine Labelle.

« Je pense que beaucoup de gens ont encore une philosophie plus traditionnelle et que certains éléments perceptuels de la culture du milieu des affaires doivent évoluer, mais que cette limite tend à se résorber. »

Il peut aussi être difficile de déterminer jusqu’où aller dans l’application du leadership bienveillant, par exemple sur le plan des avantages offerts aux employés ou de la consultation effectuée auprès de ceux-ci.

Mais d’après la PDG d’Evol, « il y a beaucoup plus d’avantages que d’inconvénients à mettre en place un leadership bienveillant. » Il faut simplement accepter le fait que le changement demande du temps et qu’il faut procéder à des mises au point en cours de route.

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Gestion

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