Nouvelles exigences en matière d’objectifs de durabilité
Les PME doivent se préparer à faire face à de nouvelles normes en matière de développement durable. La transition verte et la multiplication des mesures environnementales pour accélérer la carboneutralité annoncent une ère de changement pour les entreprises québécoises, comme l’explique Arnaud Champalbert, vice-président – Affaires publiques et gouvernementales au Conseil du patronat du Québec (CPQ).
« Les obligations auxquelles devront répondre les PME à court terme ne sont pas forcément écrites ou même connues en date d’aujourd’hui. Mais on sait qu’elles seront liées à la chaîne de valeur et aux objectifs des gouvernements en matière de réduction de gaz à effet de serre (GES). »
Que ce soit au Québec, en Europe ou aux États-Unis, l’heure est donc à la responsabilité sociale des entreprises et aux investissements socialement responsables.
« Déjà, on parle de finance durable; plusieurs acteurs financiers intègrent dans leur stratégie des critères environnementaux et sociaux. Le gouvernement du Québec favorisera ce type de réglementation et, en matière de commerce international, cette démarche va conditionner l’accès au capital tant privé que public. »
Les engagements des gouvernements en matière d’environnement
Le gouvernement du Québec s’est donné une cible de réduction des GES d’ici 2030 et ces objectifs vont avoir un impact direct sur les entreprises, explique Arnaud Champalbert.
« Par exemple, pour atteindre son objectif de réduction de 50 % des émissions liées au chauffage des bâtiments d’ici 2030, plusieurs bâtiments industriels qui sont de grands consommateurs d’énergie de chauffage devront trouver des façons de réduire leur consommation. »
Le Québec s’est aussi donné comme objectif d’électrifier 100 % des automobiles et des fourgonnettes du gouvernement d’ici 2030. On s’attend donc à ce que les entreprises contribuent à cet effort en électrifiant leur flotte de véhicules.
« Chaque année, un nouvel enjeu s’impose sur des sujets qui n’étaient pas forcément sur nos radars, souligne le vice-président. Des éléments qui n’étaient pas soumis à une réglementation le sont davantage aujourd’hui. La nouvelle redevance sur l’eau est un bon exemple; cette mise à jour de la réglementation oblige les entreprises qui consomment de l’eau en grande quantité à payer davantage pour utiliser l’eau. »
Les PME, la responsabilité sociale et les marchés internationaux
Le Québec, on le sait, exporte massivement; notre économie en est une d’exportation et beaucoup de nos PME sont constamment à la recherche de nouveaux marchés. Il est donc évident que les nouvelles exigences qui voient le jour en Europe ou aux États-Unis en matière de transparence et d’émissions de GES auront un impact sur nos entreprises exportatrices, rappelle Arnaud Champalbert.
L’exemple de l’Europe
« Les entreprises qui répondent à ces exigences multiplient les occasions de développer de nouveaux marchés. L’Europe, par exemple, est sur le point d’imposer une nouvelle norme; pour éviter que les entreprises d’un pays dont les exigences environnementales en matière de carbone sont moindres jouissent d’un avantage qui leur permettent de produire à moindre coût le même bien, elles seront soumises à un ajustement carbone à la frontière. »
L’exemple des États-Unis
Aux États-Unis, le gouvernement de Joe Biden a adopté la loi sur la réduction de l’inflation (Inflation Reduction Act). Ainsi, des milliards de dollars sont investis pour la transition verte et, notamment, pour le développement d’énergies renouvelables. Ce nouvel environnement offre une multitude d’occasions d’affaires pour les entreprises du Québec.
« Cet investissement massif au sud de la frontière doit être pris en compte dans les stratégies d’affaires des entreprises. Nos gouvernements tentent de répondre à cette législation structurante pour l’économie nord-américaine, mais les entreprises doivent aussi en comprendre l’impact pour leur secteur ainsi que les risques et les [occasions] qu’elle peut représenter. »
Gestion durable et meilleures pratiques
Dans le but de répondre à ces nouvelles exigences, les gestionnaires doivent intégrer dans leur quotidien la notion d’adaptation et miser sur les meilleures pratiques pour évoluer dans un environnement en perpétuel changement.
Pour y arriver, les PME disposent d’au moins deux outils : l’innovation et l’économie circulaire.
« La recherche et développement peut permettre à une entreprise de réduire ses émissions, rappelle M. Champalbert. Avoir la capacité d’acquérir une innovation et de l’intégrer dans son modèle d’affaires tout en s’assurant que cette innovation répond aux objectifs de réduction des GES est essentiel. »
Les entreprises peuvent aussi adopter une logique de circularité et ainsi maximiser l’utilisation des ressources pour produire un même bien.
« On parle beaucoup d’économie circulaire au Québec et le concept offre un bon potentiel, car seulement 3,5 % des ressources consommées ici sont retournées dans l’économie; ce qui est très peu comparé aux pays européens. L’économie des Pays-Bas, par exemple, est circulaire à 25 %. »
Finalement, au-delà des exigences des gouvernements, les entreprises doivent aussi tenir compte des attentes de leurs clients, de leurs fournisseurs et de la population en général. En participant au virage vert et en intégrant des critères de durabilité dans leur gestion, les entreprises limitent leurs risques financiers et réputationnels. En fait, aujourd’hui, il est devenu incontournable pour une organisation de limiter son impact social et environnemental.