Coffre à outils – Gagnez en expérience L’ergonomie au travail au service de la main-d’œuvre vieillissante
L’ergonomie – l’art d’adapter le travail aux besoins des personnes qui l’exercent – favorise la santé et la sécurité des équipes en entreprise. Dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre et de vieillissement de la population, l’ergonomie donne des outils aux gestionnaires pour créer un environnement qui favorise la santé et la productivité du personnel.
« À partir de 40, 50 ou 60 ans, le corps a moins de marge de manœuvre ou de marge de sécurité pour absorber une charge de travail physique, ce qui augmente le risque de blessures et de troubles musculosquelettiques (TMS). C’est la réalité en amont », rappelle Dominick Turgeon, cofondateur et président d’Entrac, un cabinet spécialisé en ergonomie en milieu de travail.
En aval, lorsqu’une personne de 40 ans et plus développe un TMS, la durée de l’invalidité et les coûts rattachés seraient 2,5 fois plus importants que pour une personne dans la vingtaine ou la trentaine, car le corps prend plus de temps à guérir.
« Il faut travailler sur deux volets en même temps : l’environnement de travail (l’équipement, les processus, les outils, etc.) et l’individu », explique M. Turgeon.
Prévenir les TMS : c’est possible
C’est à 40 ans qu’on situe le point de bascule, tant pour un homme que pour une femme. La force, la puissance et l’endurance musculosquelettiques diminuent avec l’âge, par exemple la force de préhension. Cette diminution des capacités physiques et fonctionnelles fait partie du processus normal de vieillissement et peut mener à des TMS.
M. Turgeon définit les TMS comme « une surutilisation d’une structure musculosquelettique (tendons, ligaments et muscles) qui dépasse la capacité de récupération de cette structure. À un moment donné, la charge de travail liée à cette structure corporelle devient trop grande et elle court-circuite la récupération ».
Donc, si une personne de 60 ans ou plus maintient sa charge de travail, mais que sa capacité diminue, la marge de sécurité diminue également.
3 pratiques ergonomiques qui changent la donne
L’ergonomie peut atténuer les effets du vieillissement. Voici quelques mesures que vous pouvez instituer pour pallier les TMS :
1. Gérer activement les risques ergonomiques en matière de santé et de sécurité : les cerner, les analyser et les cibler en vue de les éliminer ou de les atténuer;
2. Développer les compétences des équipes en fonction des rôles et des responsabilités individuelles (cadres, responsables des RH et de la SST, équipe de production, équipe d’ingénierie et d’amélioration continue, etc.) en les formant sur les notions d’ergonomie au travail.
Par exemple, les équipes de production, qui sont appelées à manipuler et à déplacer des charges, doivent être formées sur la façon d’utiliser leur corps pour diminuer les risques de blessure.
À ce chapitre, « les responsables des achats qui introduisent des outils ou de l’équipement jouent un rôle déterminant, car ces personnes peuvent éliminer à la source des risques ergonomiques, mais aussi en intégrer de nouveaux », rappelle M. Turgeon.
3. Agir rapidement lorsqu’une personne signale un inconfort ou une douleur, car la fenêtre pour agir est de 12 semaines.
« C’est crucial, explique M. Turgeon, car les TMS n’arrivent pas du jour au lendemain. En agissant dans les 12 premières semaines, la récupération peut être assez rapide, mais après on entre dans une phase chronique et la durée de la réadaptation est d’autant plus grande. »
Quand une personne communique son inconfort ou sa douleur, son ou sa gestionnaire peut :
- analyser les risques ergonomiques de son poste de travail;
- adapter le poste de travail afin de diminuer ou d’éliminer les risques ergonomiques.
Un défi et une question stratégique pour les entreprises
En conclusion, pour adapter l’environnement de travail du personnel expérimenté de 60 ans et plus (comme des autres membres de l’équipe), les gestionnaires et les entreprises devraient miser sur deux choses : la gestion des risques ergonomiques et le développement des compétences selon les responsabilités individuelles.
Les statistiques en matière de santé et de sécurité au travail indiquent que le quart des problèmes d’invalidité au Québec sont liés aux TMS. Dans ce contexte, la gestion des risques ergonomiques devient une question stratégique pour les PME.
« Les entreprises avec de bonnes pratiques d’ergonomie pourront plus facilement faire face à la pénurie de main-d’œuvre, dans la mesure où elles favoriseront la rétention, la productivité, le bien-être et la santé de leur personnel. Sans oublier l’effet de ces questions de santé et de sécurité au travail sur leurs réputations », conclut M. Turgeon.
Avez-vous déjà formé votre personnel aux bonnes pratiques ergonomiques au bureau ou à la maison? Faites-nous part de votre expérience dans les commentaires!