5 mythes sur l’ergonomie déboulonnés

Ergonome certifié, DESS, CCPE, WELL AP.

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Certains concepteurs de meubles et d’accessoires ont tendance à apposer facilement l’étiquette « ergonomique » sur leurs produits. Or, tout ce qui est promu comme tel ne l’est pas nécessairement. Patrick Vincent, ergonome certifié et président de Vincent Ergonomie, nous aide à y voir plus clair.

Avec le recours massif au télétravail depuis près de deux ans, et l’implantation accrue du travail hybride par la suite, les employé∙e∙s et employeurs ont été fortement sensibilisés à l’importance d’un espace de travail ergonomique.

L’aménagement inadéquat de certains postes — surtout au début de la crise sanitaire — a entraîné des problèmes d’ordre physique chez plusieurs travailleurs et travailleuses. Pour éviter que ceux-ci ne se prolongent ou que d’autres se manifestent, il est important d’avoir les équipements appropriés. Voici cinq mythes déboulonnés à propos de mobilier et d’accessoires dits ergonomiques.

1. La chaise de gamer

Ressemblant à un siège de voiture de course, avec un appui-tête et des appuis latéraux, la chaise de joueur de jeux vidéo – ou chaise de gamer ­— a la cote depuis quelque temps. Certains l’emploient même pour le travail. Mais est-ce une bonne idée? Pas forcément.

« Tout d’abord, il faut savoir : qu’est-ce qu’une chaise ergonomique?
C’est un produit qui épouse les formes du corps humain avec des réglages qui permettent d’accommoder 90 % de la population », explique l’ergonome.

Selon M. Vincent, les chaises de gamer n’offrent pas toujours les ajustements requis. La forme et les dimensions de ce type de chaise ne conviennent pas à tous et à toutes.

D’ailleurs, l’appui-tête et les appuis latéraux, comme ceux que l’on retrouve sur un siège de voiture de course, ne sont pas utiles pour le travail à l’ordinateur.

En résumé, l’important est d’avoir une chaise qui comporte plusieurs réglages afin qu’elle puisse épouser adéquatement les courbes du corps, ce qui généralement ne s’acquiert pas à petit prix.

2. Le ballon au bureau

Il y a quelques années, plusieurs études ont été publiées sur les conséquences négatives de la sédentarité. « À partir de là, une tendance à intégrer des situations d’entraînement au travail est née, dont l’idée de s’asseoir sur un ballon au travail.

Le problème avec cette logique, c’est que l’on ne peut pas la transposer sur un horaire de 35 à 40 heures par semaine. Si on est assis sur un ballon et qu’on se repositionne constamment, on va finir par fatiguer nos muscles du dos », note l’ergonome certifié Patrick Vincent.

3. Les claviers verticaux

D’autres produits, tels que des claviers verticaux dits ergonomiques, ont été mis en marché. S’il vise une position neutre des poignets, ce type de clavier ne permet pas de bien appuyer les mains, ce qui sollicite davantage les épaules.

Par ailleurs, la position à la verticale des touches n’offre pas un bon contact visuel pour les personnes qui n’ont pas leur doigté. « Parfois, les inventeurs ne prennent qu’un élément [en compte] au détriment des autres, dont l’atteinte du confort, de la sécurité ou de l’efficacité », indique M. Vincent.

4. Le poste assis-debout : crucial?

Une autre tendance née de la volonté de contrer la sédentarité s’est répandue ces dernières années : la création des bureaux ajustables en hauteur permettant de travailler en position assise ou debout. L’installation d’un tel poste de travail permet entre autres de contrer le statisme, ce qui est une bonne chose selon M. Vincent. Mais est-ce vraiment obligatoire?

« À la maison, nous avons tendance à être plus statiques. Avec un poste debout, c’est intéressant, car on peut varier les postures. Est-ce une obligation? Non. Mais c’est un plus. »

5. Les grands écrans ou les écrans multiples

Largement véhiculée avant les années 2000, l’idée selon laquelle un plus grand écran rime avec une plus grande productivité a fait du chemin. On sait maintenant que ce n’est pas parce que c’est plus grand que c’est mieux. « L’enjeu aujourd’hui, que ce soit un seul grand écran ou plusieurs écrans, c’est que l’information que l’on a devant nous couvre un espace plus grand que notre champ visuel.

Ainsi, si vous voulez lire ou couvrir plus grand, vous devrez tourner ou basculer la tête vers l’arrière, tôt ou tard. Si cela devient un mouvement répétitif ou si vous maintenez une posture en torsion ou en extension pendant une longue période, les muscles à l’origine de ces mouvements de tête deviendront rapidement irrités », explique l’ergonome.

Pour ce dernier, un bon écran ne devrait pas dépasser 24 pouces pour éviter les inconforts posturaux au niveau du cou. Quant à l’emploi de deux écrans, la clé réside dans leur positionnement.

« Deux écrans, c’est assez commun aujourd’hui. Mais ce qu’il faut retenir, c’est de bien centrer celui qui permet d’exécuter au moins 80 % de mes activités. Le deuxième écran sert alors pour les tâches restantes et n’occasionne que peu de mouvements de tête », résume M. Vincent.

En somme, les tendances et les gadgets ergonomiques ne se valent pas tous et il faut éviter de tous les considérer comme une panacée. En revanche, il est vrai que certains possèdent une plus-value qui n’est pas à négliger.

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