J’ai du mal à recruter, que faire?
Dans un monde du travail en pleine évolution et en proie à une pénurie de main-d’œuvre, les employeurs désireux de maintenir leurs activités à flot doivent désormais s’adapter à la nouvelle réalité et repenser leur approche pour attirer de futurs employés.
Pour Christophe Charré, directeur du développement stratégique international et des partenariats et pour Marie-Ève Hermkens, présidente fondatrice de Boomrank, qui favorise la formation en entreprise, une des solutions consiste à revoir sa façon de recruter. Par exemple, en associant recrutement et formation.
Se démarquer pour mieux recruter
Une étude réalisée à l’automne 2021 a démontré que le premier élément dont tiennent compte les travailleurs québécois lorsqu’ils envisagent de postuler à un emploi est la description du poste. Quant à ce qu’ils y recherchent, « on retrouve énormément de besoins qu’on pourrait qualifier d’avantages sociaux », dit Christophe Charré, notamment :
- La possibilité de faire du télétravail
- La conciliation travail et vie personnelle
- Les horaires flexibles
- La rémunération concurrentielle
« Selon de récentes enquêtes, on constate que les travailleurs ont envie de savoir quels sont les objectifs et les missions de l’employeur, et quelles perspectives d’évolution de carrière s’offriront à eux », poursuit-il.
« Les candidats sont à l’affût de tout ce que l’employeur peut offrir au-delà d’un salaire », dit Marie-Ève Hermkens. Le sérieux dont fait preuve l’organisation dans ses démarches de recrutement, comme un suivi rapide après un premier contact avec un candidat, joue également un rôle non négligeable dans l’intérêt qu’elle suscite auprès de la main-d’œuvre, ajoute-t-elle.
Les entreprises sous la loupe des candidats
Avec l’avènement des médias sociaux, les ressources humaines ont pu bénéficier d’un outil supplémentaire pour brosser le portrait de leurs candidats potentiels, et l’information ainsi obtenue pouvait influer sur la suite du processus de recrutement.
Or, aujourd’hui, il se produit une sorte de renversement de la situation, que Christophe Charré voit comme une forme de rééquilibrage de la relation candidats-recruteurs. « Depuis quelques années, les futurs employés consultent aussi les profils des entreprises, et la marque employeur – l’image dégagée par celui-ci – leur donne une multitude de renseignements qui fait en sorte qu’ils tiennent, d’une certaine manière, le gros bout du bâton. »
Miser sur la formation
D’après Christophe Charré, on assiste actuellement à « un désajustement entre les compétences attendues par les entreprises et celles détenues par la main-d’œuvre sur le marché. Alors, il faut accompagner, former ces personnes qui souhaitent travailler afin qu’elles acquièrent les compétences dont elles ont besoin. »
L’employeur doit donc revoir sa façon de recruter. Pour ce faire, il dispose de plusieurs options :
- le recrutement « traditionnel », qui mise sur des candidats dont les compétences correspondent à celles du profil recherché;
- le développement des compétences par la formation continue, qui maintient à jour non seulement les acquis des travailleurs, mais aussi la compétitivité de l’entreprise. Il dénote également l’intérêt de celle-ci dans l’évolution de la carrière de ses employés, ce qui constitue un excellent facteur de rétention de ceux qui souhaitent y évoluer;
- le recrutement par la formation, qui, par l’offre d’apprentissage en entreprise plutôt que la prise en compte des compétences existantes uniquement, élargit le bassin de candidats potentiels. Il contribue aussi à rehausser la marque employeur et permet de transmettre des connaissances sur des métiers pour lesquels il n’existe parfois aucune formation traditionnelle;
- les stages en alternance, qui donnent accès à une main-d’œuvre possédant déjà certaines compétences et peuvent fidéliser d’éventuels futurs employés;
- le recrutement international, qui permet d’aller chercher des candidats qualifiés qui apporteront de nouvelles perspectives au sein de l’entreprise.
« La formation continue et celle vers la pratique d’un métier sont les deux approches que vise Boomrank, indique Marie-Ève Hermkens. Dans certains domaines, il n’y a pas assez d’étudiants qui terminent le programme pour suffire à la demande. Alors, beaucoup d’employeurs choisissent maintenant de former leurs employés en entreprise. »
Assurer sa pérennité par la diversification du recrutement
Les organisations disposent de différents bassins de recrutement, mais beaucoup ne seraient pas prêtes à franchir le pas vers les nombreuses options auxquelles elles pourraient recourir, d’après Marie-Ève Hermkens. « Il y en a, de la main-d’œuvre. Il faut simplement que les entreprises utilisent le bon moyen pour la bonne cible selon le bon poste et qu’elles diversifient leurs méthodes de recrutement. » Parmi ces bassins de travailleurs, les deux experts pensent notamment :
- aux employés de l’entreprise désireux d’y évoluer;
- aux chercheurs d’emploi;
- aux étudiants (québécois et d’ailleurs) en quête de stage, dont le recrutement peut s’effectuer rapidement;
- aux jeunes diplômés, qui feront une entrée massive sur le marché du travail au cours des prochaines années;
- aux décrocheurs, qui pourraient bénéficier d’une formation en entreprise;
- aux nouveaux arrivants, qui possèdent des compétences transposables au Québec;
- aux personnes éloignées de l’emploi;
- aux retraités qui souhaitent travailler.
Selon Christophe Charré, il importe que les organisations se dotent d’outils qui leur permettront de pérenniser leur production. « La gestion prévisionnelle des emplois et des compétences, c’est stratégique. On ne peut pas s’exposer à un risque de perte d’employés par un manque d’anticipation. Aujourd’hui, je pense que l’organisation doit se dire que, si elle ne trouve pas son bonheur du côté du recrutement traditionnel, elle dispose d’autres solutions pour y parvenir. »
Ressources
Gestion prévisionnelle des ressources humaines (Emploi Québec)
Embaucher un étudiant : pourquoi pas? (Entreprises Québec)
Embaucher un étudiant étranger (gouvernement du Canada)