10 solutions à la pénurie de main-d’œuvre
Au cours des dernières années, les entreprises québécoises ont mis à l’essai ou adopté différentes solutions pour pallier la pénurie de main-d’œuvre, comme la hausse des salaires ou l’offre d’avantages sociaux supplémentaires, de primes à l’embauche ou d’activités sociales originales.
Mais puisque cette pénurie ne risque pas de se résorber de sitôt, il est nécessaire de poursuivre la recherche de solutions innovantes. Le CPQ s’est penché sur la question et propose dix solutions incontournables à la pénurie de main-d’œuvre au Québec.
1. Valoriser l’excellence en innovation et le virage technologique
Alors que les entreprises doivent investir massivement dans les nouvelles technologies, l’automatisation et la robotisation afin d’augmenter leur productivité, il est essentiel de ne pas perdre de vue les besoins en formation qui accompagnent ces transformations.
Le CPQ recommande notamment de placer les besoins de la main-d’œuvre au cœur des stratégies de développement économique et de mieux coordonner les mesures de soutien au revenu et à la formation.
2. Améliorer le niveau de littératie et de numératie des travailleurs et des travailleuses
Au Québec, près d’une personne sur deux éprouve de grandes difficultés de lecture, ce qui limite ses possibilités de formation et d’emploi.
Le CPQ suggère aux entreprises d’offrir à leur personnel une formation en alphabétisation leur permettant de s’adapter à l’évolution technologique.
3. Miser sur la formation en entreprise
La main-d’œuvre qualifiée se raréfie également. Trente pour cent des entreprises seraient prêtes à former elles-mêmes ses employées et employés, si elles bénéficiaient d’un soutien financier.
Mais au-delà de la bonification de programmes existants, c’est toute la culture de la formation en entreprise qui profiterait de projets favorisant le compagnonnage, l’alternance travail-études et un meilleur arrimage des services qu’offre le milieu de l’éducation aux employeurs ou à leur association sectorielle.
4. Attirer et retenir la main-d’œuvre expérimentée
Le taux de participation des personnes âgées de 60 à 69 ans au marché du travail québécois est le plus faible au Canada.
Pour augmenter ce taux, voici quelques propositions : bonifier et élargir la portée du crédit d’impôt, pour les entreprises et pour les travailleurs et travailleuses d’expérience, pour favoriser le maintien de celles-ci et ceux-ci en emploi; augmenter à 20 000 $ le crédit d’impôt pour la prolongation de carrière; revoir les règles de cotisation à la RRQ pour les 60 ans et plus.
Dans son budget 2023-2024, le gouvernement du Québec a apporté au Régime des rentes du Québec certaines modifications qui pourraient inciter le personnel expérimenté à rester sur le marché du travail. À partir du 1er janvier 2024 :
- L’âge maximal pour demander sa rente passera de 70 à 72 ans
- Les cotisations au RRQ seront facultatives à partir de 65 ans
- La rente des personnes de 65 ans et plus qui travaillent à temps partiel sera protégée
5. Faire de l’assurance emploi un outil de formation
Le CPQ suggère au gouvernement du Canada de profiter de sa réforme du régime d’assurance-emploi (RAE) pour y intégrer des mesures incitatives qui encourageraient les prestataires à utiliser cette période pour suivre des formations.
Le RAE devrait également soutenir les employeuses et les employeurs dans leurs efforts de formation, puisqu’elles et ils réduisent les risques pour les personnes formées de se retrouver sans emploi.
6. Adapter les programmes de formation aux NEEF
Les jeunes NEEF (ni en emploi, ni aux études, ni en formation) forment un bassin intéressant d’individus susceptibles de travailler, mais l’hétérogénéité de cette clientèle pose un défi.
Il faut adapter les programmes et les mesures d’Emploi-Québec pour offrir un suivi individualisé à ces jeunes, et le milieu de l’éducation doit améliorer l’accessibilité aux études et à la formation en facilitant l’accueil de petites cohortes adaptées à ses besoins, par exemple.
7. Accélérer le virage vers la diversité
Il existe déjà plusieurs mesures pour encourager les entreprises à tenir compte de l’EDI (équité, diversité et inclusion) dans leur stratégie de recrutement, d’intégration et de maintien en emploi. Mais, ces mesures s’appliquent le plus souvent à une clientèle unique (minorités racisées, personnes en situation de handicap, Autochtones, personnes judiciarisées ou personnes issues de la communauté LGBTQ+), ce qui contraint les gestionnaires à multiplier les démarches.
La création d’un guichet unique qui comprendrait la liste des mesures et des programmes d’aide gouvernementaux ainsi que celle des services d’accompagnement permettrait aux entreprises de mieux se prévaloir des services existants.
Par ailleurs, il est essentiel d’offrir aux gestionnaires et aux équipes une formation adéquate permettant de mettre en place des mesures concrètes favorisant l’EDI.
8. S’attaquer au défi de la reconnaissance des acquis et des compétences (RAC)
Malgré certains efforts du gouvernement, notamment la mise sur pied du portail Qualifications Québec, beaucoup de travailleurs et de travailleuses qui arrivent de l’étranger doivent recommencer leur parcours professionnel au bas de l’échelle.
Il faudrait améliorer la collaboration entre le milieu de l’éducation, les organismes d’aide à l’emploi et les entreprises afin d’établir de meilleures modalités de RAC et d’offrir les formations complémentaires dans une formule favorisant l’alternance entre le travail et les études.
9. Adapter le PTET à la réalité du XXIe siècle
Le programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET) permet de répondre rapidement aux besoins des employeurs et des employeuses, mais l’assouplissement de certaines de ses règles serait bienvenu.
Le CPQ suggère notamment de ne pas obliger les entreprises qui cherchent à recruter de la main-d’œuvre pour des métiers pour lesquels il existe une pénurie de personnel à présenter une étude d’impact et d’abolir la limite de main-d’œuvre temporaire dans un établissement.
10. Adapter les seuils d’immigration aux besoins de main-d’œuvre
Alors que les besoins de main-d’œuvre augmentent, le nombre de personnes immigrantes admises de façon permanente au Québec ne cesse de baisser depuis 2017.
Entre autres solutions, le CPQ propose que les seuils annuels d’immigration économique soient établis en fonction des postes vacants, et que le critère salarial ne limite pas l’entrée des travailleurs et des travailleuses, puisque l’économie propose une multitude d’emplois rémunérés selon diverses échelles, et que chaque maillon de la chaîne doit être soutenu.
Et vous, avez-vous d’autres solutions qui permettraient de rétablir l’équilibre dans le marché du travail?