Qui sont les NEEF?

Aujourd’hui, au Québec, on compte 200 800 jeunes de 17 à 34 ans qui ne sont ni en emploi, ni à l’école, ni en formation (NEEF). Ce nombre représente 10,9 % des jeunes de cette tranche d’âge, soit 2 % de moins que la moyenne canadienne.

L’entrée sur le marché du travail de ces jeunes pourrait soulager en partie la pénurie de main-d’œuvre actuelle au Québec. La Chaire-Réseau de recherche sur la jeunesse (CRJ) du Québec a publié un premier portrait statistique sur cette catégorie de la population en mars 2021.

L’aspect qualitatif des résultats de cette recherche n’a pas encore été abordé, mais les données recueillies mettent déjà en lumière des réalités variées. Les entrepreneurs québécois peuvent aujourd’hui mieux comprendre qui sont les jeunes NEEF et réfléchir à la façon de faciliter leur intégration au marché du travail.

Les NEEF en chiffres

  • 63 252 jeunes NEEF sont activement à la recherche d’un emploi (31,5 %)
  • 49 463 jeunes NEEF voudraient un emploi à temps plein (27,3 %)
  • 73 % d’entre eux ont une expérience professionnelle récente (2 ans et moins)
  • 71,9 % d’entre eux détiennent un diplôme d’études secondaires

Le nombre de jeunes NEEF a aussi tendance à augmenter avec l’âge. Selon le portrait statistique, « l’état NEEF est donc loin de se terminer à la fin de la vingtaine; le taux tend à augmenter progressivement, même après 34 ans ».

Nicolas Bourgeois, directeur du Collectif autonome des CJE du Québec (CACJEQ), met d’ailleurs en garde contre l’effet cicatrice : « C’est-à-dire que plus une personne vit de périodes de chômage consécutives au début de sa carrière professionnelle, plus elle risque de vivre des périodes de chômage plus longues plus tard dans sa vie ».

3 grands groupes d’activité

L’analyse des données récoltées a permis aux chercheurs de sous-diviser, par rapport à leur activité, les jeunes NEEF en trois grandes catégories, caractérisées par des situations différentes et des besoins variés.

  • 33 % des jeunes NEEF sont des chômeurs, dont la majorité (65 %) est des hommes ayant de la difficulté à se maintenir en emploi à cause de conditions de travail en soi ou de compétences techniques et non techniques (communément appelées « soft skills »).

Selon le rapport de la CRJ, 57,6 % de ces situations de chômage sont liées au type d’emploi, 26,5 % sont liées à la conjoncture économique et seulement 15,9 % résultent d’un congédiement ou d’une autre raison.

  • 30,1 % des jeunes NEEF, en grande majorité (84,5 %) des mères à la maison, s’occupent de tâches familiales qui les empêchent d’intégrer le marché du travail.

Nicolas Bourgois nuance : « Les femmes ont plus de chance d’être en situation NEEF plus tard dans leur vie que les hommes, surtout aux âges entourant le premier enfant (27 à 29 ans) ou le second (32 à 34 ans). On sait que les femmes avec de jeunes enfants sont particulièrement portées à se retirer du marché du travail, alors ces résultats corroborent d’autres constats de la recherche portant sur l’employabilité des jeunes mères ».

  • 36,6 % des jeunes NEEF mènent des activités qui ne sont pas identifiables à travers la recherche quantitative. Ces jeunes sont possiblement en démarrage d’entreprise, en formation dite non traditionnelle ou incapables de travailler.

Les jeunes NEEF sont donc loin de représenter un groupe homogène. En effet, plusieurs facteurs peuvent expliquer leur situation, comme leur identité de genre, leur niveau de scolarité ou celui de leurs parents, leur arrière-plan socio-économique et s’ils sont issus de l’immigration ou non.

(Ré)intégrer les jeunes NEEF

Plusieurs solutions existent pour intégrer ou réintégrer les jeunes NEEF sur le marché du travail. Selon Marie-Ève Hermkens, présidente de l’organisme Boomrank, la formation en entreprise est l’une d’entre elles.

« Quand les employeurs prennent en main la formation de leurs jeunes recrues, ces dernières peuvent rapidement contribuer au succès de l’entreprise tout en gagnant confiance dans le processus. »

D’un côté, la jeune recrue est contente d’être payée pour apprendre et, de l’autre côté, l’employeur a l’occasion de former les jeunes aux spécificités de son entreprise. Cette approche contribue également à fidéliser le personnel.

Mme Hermkens explique : « C’est comme avec un stagiaire à qui on donne sa première chance. Ça crée un sentiment d’appartenance… il y a vraiment un lien fort qui se crée entre la recrue et l’entreprise. En plus, il n’est pas rare de voir des gens retourner aux études pour parfaire leurs connaissances dans le domaine qu’ils ont découvert en milieu de travail après avoir gagné en confiance dans ce domaine. »Nicolas Bourgois, de son côté, fait valoir que les entreprises gagneraient à se rapprocher des ressources communautaires existantes (AXTRA, RSSMO, ROSEPH, etc.). Plusieurs d’entre elles « détiennent une forte expertise en accompagnement d’entreprises, notamment en gestion de la diversité, en intégration de recrues et en développement de bonnes pratiques de RH ».

Soyez des nôtres le mercredi 7 septembre prochain lors du Colloque Re:travail pour en savoir plus sur l’entreprise comme lieu de formation pour attirer les jeunes NEEF.

Ressources

Réseau des carrefours jeunesse-emploi du Québec : rcjeq.org

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