Bien traduire sa culture d’entreprise
Les valeurs organisationnelles qui définissent une culture d’entreprise ont un pouvoir d’attraction sur les travailleurs. Dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre, il n’est donc pas surprenant que les enjeux linguistiques prennent toute leur importance lorsqu’une entreprise souhaite communiquer ou traduire sa culture d’entreprise.
Trois experts de la firme de traduction TRSB parlent des pratiques exemplaires et des défis linguistiques en entreprise : Clémentine Aliane, directrice des ressources humaines, Isabelle Veilleux, traductrice principale, et Grant Hamilton, réviseur et conseiller linguistique.
La culture d’entreprise en tant qu’enjeu stratégique
Une culture d’entreprise bien définie devient un fil conducteur qui guide et unifie les communications tout en créant une image cohérente de l’entreprise. Pour arriver à définir cette culture, une réflexion stratégique s’impose, soutient Grant Hamilton.
« Avant d’aborder la question linguistique, il faut une réflexion stratégique en amont. Par exemple, si l’enjeu est le recrutement, on doit définir quels sont les éléments qui attirent les travailleurs et quels sont les avantages offerts par l’entreprise. Ce devoir de réflexion est essentiel pour communiquer efficacement sa culture d’entreprise ou pour la traduire dans d’autres langues. »
M. Hamilton ajoute par ailleurs que la traduction exige autant de précision que la rédaction initiale. « Il faut prendre le temps de peser les mots dans chaque langue et de bien réfléchir à leur portée. L’impact d’une culture d’entreprise sera à la hauteur des mots et du style utilisés pour la communiquer. »
Connaître ses interlocuteurs
La culture d’entreprise s’exprime à travers l’ensemble des communications de l’entreprise, tant à l’interne qu’à l’externe, précise Isabelle Veilleux.
« La première chose quand on commence à traduire, c’est de se demander à qui on parle; le but est d’adapter le niveau de langue à la personne ou au public à qui on s’adresse. Il est important de connaître son public et d’adapter le langage selon le contexte de communication. On ne s’adressera pas à une dame d’âge mûr de la même manière qu’on s’adresse à un adolescent. »
« Lorsqu’on traduit, on ne cherche pas tant à reproduire chaque mot qu’à provoquer la même réaction émotive, ajoute Grant Hamilton. Pour susciter ces émotions-là, il faut y mettre le temps, il faut y mettre la forme et il faut vraiment se mettre en contexte pour voir comment les gens vont réagir à ce qu’on dit. »
La langue, les mots et les nouvelles générations
« Il est aussi important de noter que les nouvelles générations sont beaucoup plus sensibles à la langue, au vocabulaire et aux messages véhiculés, notamment en matière d’inclusion et de diversité, rappelle Clémentine Aliane. Les jeunes s’attendent à ce que leur employeur partage les mêmes valeurs qu’eux.
Par exemple, nous avons récemment revu la page carrière de notre site Internet dans le but de rendre nos messages plus inclusifs et de retirer les références inutiles au genre. Cet exercice exige une expertise linguistique, car l’écriture inclusive ne se décline pas de la même façon en français qu’en anglais ou dans les autres langues. »
L’écriture inclusive est un domaine en mutation qui occupe une place grandissante en entreprise.
Les bons mots pour recruter et garder ses talents
La culture de l’entreprise doit absolument se ressentir sur le terrain, souligne Clémentine Aliane. D’où l’importance de bien choisir ses mots en amont. Une personne qui vient d’être embauchée s’attend à ce que les messages qu’on véhicule sur les réseaux sociaux, sur le site Internet de l’entreprise ou encore en personne s’incarnent dans son quotidien au travail.
Par exemple, si l’inclusion et la diversité sont des valeurs clés de l’entreprise, cela doit se voir et se vivre sur le terrain.
« Dans une entreprise, on communique de multiples façons, avec les mots, mais aussi avec les gestes, explique Grant Hamilton. Quelles sont les causes que l’entreprise appuie? Quelles sont les conditions de travail? Tout cela forme un tout, et il faut que les mots utilisés riment avec la réalité. »
Se démarquer en tant qu’entreprise
Il peut être difficile pour une entreprise de tenir un discours qui se démarque complètement des autres, mais ça vaut la peine d’aller chercher cette différence, explique Isabelle Veilleux.
« Récemment, un client a exprimé le désir de redéfinir sa culture d’entreprise et il voulait que cette nouvelle orientation s’exprime aussi bien en français qu’en anglais. Nous avons donc déterminé, de concert avec lui, les termes à utiliser dans toutes les communications, dans les deux langues. »
Les questions suivantes ont nourri la réflexion :
- Comment veut-on que les clients perçoivent l’entreprise?
- Comment faire pour recruter des employés?
- Quels termes utiliser impérativement dans les communications?
Les bonnes pratiques
Aux employeurs qui souhaitent optimiser leurs communications et bien traduire leur culture d’entreprise, nos experts linguistiques recommandent ces bonnes pratiques :
- Rédiger un document d’orientation qui décrit l’entreprise et sa mission et qui précise ses valeurs et sa personnalité.
- Diffuser un lexique bilingue ou multilingue précisant les mots à utiliser pour communiquer la culture d’entreprise et leur contexte d’utilisation.
- Préparer un guide de style à l’intention des rédacteurs et des traducteurs pour s’assurer d’une uniformité de présentation.
- S’adresser à des experts linguistiques, qui peut non seulement fournir des traductions de qualité professionnelle, mais aussi soutenir le développement de la culture d’entreprise à travers la création de guides de style et de lexiques.