Les entreprises face à la transition verte
La gestion des enjeux environnementaux s’impose au sein des entreprises. Devant la multiplication des nouvelles normes et réglementations en matière de durabilité, les PME sont appelées à s’adapter et à prendre les moyens pour anticiper et gérer le changement que représente la transition verte annoncée par les gouvernements.
« Il y a quelques années, on parlait de l’importance de prendre le virage numérique; aujourd’hui on parle de réussir le virage vers une économie et des entreprises plus vertes, souligne Arnaud Champalbert, vice-président, Affaires publiques et gouvernementales au CPQ.
Face à ces enjeux de développement durable qui sont en voie de transformer l’environnement d’affaires, l’heure est à la gestion du changement pour les entreprises.
Les enjeux environnementaux prennent les devants
L’importance que prennent les enjeux environnementaux aujourd’hui découle du fait que les gouvernements se sont donné, depuis quelques années déjà, des objectifs dans le cadre de leur participation à des événements comme la Conférence des parties à la convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, COP, organisée par les Nations Unies.
« Quand les gouvernements prennent un engagement de réduction des émissions des gaz à effet de serre (GES), ils se donnent une cible bien précise et des leviers pour aider les entreprises à atteindre ces objectifs-là. Il est donc évident que les PME québécoises ont un rôle important à jouer; elles font partie de la solution », explique M. Champalbert.
Pour les entreprises qui souhaitent s’engager dans cet effort collectif, l’enjeu est de mobiliser leurs équipes et de mettre en place des pratiques exemplaires facilitant cette transition.
Transition verte et entreprises durables
La transition verte, pour une entreprise, se traduit par sa capacité à répondre à plusieurs nouveaux critères en matière de développement durable. Les PME doivent être en mesure d’intégrer de nouveaux concepts dans leur façon de gérer leurs affaires au quotidien, et ce n’est pas une mince affaire, comme l’explique Arnaud Champalbert.
« La difficulté vient du fait que les gestionnaires n’ont pas acquis ces notions parce qu’elles n’ont jamais fait partie de leur formation. Une mise à niveau en lien avec ces concepts s’impose, car les gestionnaires ont un rôle important à jouer dans la transition verte. Ce sont eux qui vont mobiliser les membres du personnel, intégrer de nouvelles mesures et faire évoluer le modèle d’affaires. »
Un sondage du CPQ révèle que plus de 70 % des membres affirment que les changements climatiques ont ou vont avoir un impact sur leurs activités et qu’ils devront prendre des actions en ce sens. La prise de conscience au sein des entreprises est donc généralisée, mais les défis demeurent.
« Étant donné que nos entreprises sont pour la plupart des PME, elles n’ont pas toutes les ressources à l’interne pour soutenir une transition verte, rappelle le vice-président. Ce qui signifie que notre défi au Québec est encore plus grand, car la structure de nos entreprises risque de limiter leurs actions. Elles vont avoir besoin d’aide et d’accompagnement. »
3 grands défis de la transition
Les membres du CPQ ont désigné trois défis à relever pour réussir ce projet.
1. Les coûts associés à la transition verte
Les entreprises considèrent qu’il s’agit là d’un investissement majeur et, pour une PME, cet investissement doit s’inscrire dans une logique de rentabilité. Il n’est pas question d’investir pour investir sans qu’il y ait une logique derrière les dépenses.
2. Le manque de financement
« Le défi pour les PME est de trouver des subventions susceptibles de les aider à acquérir des technologies propres pour réussir leur transition. Parfois, des sommes sont disponibles, mais elles ne répondent pas aux critères ou à la réalité de terrain de l’entreprise », affirme Arnaud Champalbert.
3. Le manque d’expertise
« Les entreprises sondées expliquent que le manque d’expertise est généralisé tant chez les membres du personnel que chez les gestionnaires. Aller chercher cette expertise devient une priorité pour les entreprises qui souhaitent entreprendre et éventuellement réussir cette transition », souligne le vice-président.
Des outils concrets et accessibles
Le gouvernement du Québec met en place plusieurs initiatives pour soutenir les entreprises dans cette transition, dont plusieurs découlent du Plan pour une économie verte, le plan adopté par Québec pour atteindre ses objectifs de réduction des GES. Différentes subventions y sont proposées, notamment, pour l’achat d’équipements.
Par ailleurs, Arnaud Champalbert rappelle que le CPQ et son partenaire, l’Alliance SWITCH, offrent gratuitement la Grille Éco+, un outil d’accompagnement pour les entreprises qui s’engagent dans une démarche de développement durable.
« La Grille Éco+ permet aux entreprises de faire leur autoévaluation basée sur des critères économiques, sociaux et environnementaux. Sachant que les gouvernements vont de plus en plus choisir d’accorder leur aide financière en fonction de ces critères, il s’agit d’un diagnostic important. »
Pour ce qui est de l’expertise en matière de durabilité, les critères liés à la responsabilité sociale des entreprises (RSE) demeurent pertinents et font partie des formations pour les gestionnaires déjà en poste.
Finalement, le vice-président du CPQ rappelle aux entreprises que la transition verte est une réalité incontournable.
« Le gouvernement du Québec va imposer de nouvelles exigences aux entreprises pour faire face aux enjeux environnementaux. Pour les gestionnaires, cela se traduit par une gestion du changement et un effort d’adaptation pour s’inscrire dans cette vision gouvernementale. »