Modernisation de la SST : comment minimiser les impacts financiers?

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12 décembre 2022

Sylvain Lebel a plus de 33 ans dans le domaine de la santé et de la sécurité du travail, en particulier au niveau des services actuariels et de consultation en financement qui s’y rattachent. Il s’occupe principalement de la dimension stratégique des services intégrés de santé et de sécurité du travail et vise l’optimisation des résultats de la clientèle.

La nouvelle Loi modernisant le régime de santé et de sécurité du travail (LSST) oblige les employeurs à inclure les risques psychosociaux dans leur programme de prévention.

Pour bien gérer les conséquences de cette importante réforme, les entreprises devront être proactives.

Sylvain Lebel, premier vice-président, Santé et sécurité du travail chez LifeWorks, rappelle que « le but de cette réforme est d’atteindre une réduction du nombre de réclamations au Québec et de réduire la durée de réclamation; ce qui pourrait entraîner des économies pour les employeurs. Bref, la nouvelle loi pourrait avoir des impacts positifs, cependant l’inverse est malheureusement aussi possible. »

Obligation des entreprises à être proactives face à la réforme

Un employeur qui souhaite minimiser l’impact de cette réforme sur son organisation devra être proactif, en particulier en regard des nouvelles obligations en matière de risques psychosociaux.

« La prévention des lésions psychologiques doit être priorisée, selon Sylvain Lebel. Il faut trouver des solutions le plus tôt possible et faire de la prévention et de la formation, c’est la meilleure façon de réduire les impacts provenant de ces enjeux. »

La priorité pour les employeurs, c’est donc de prendre conscience de ce nouvel enjeu, qui en est un de santé globale et non seulement de santé physique.

« L’employeur doit s’adapter aux différentes situations, il n’y a pas de recettes toutes faites. Il importe donc de bien connaître ses équipes et d’être attentif au vécu de ses employés sur le terrain. »

Vers une augmentation des réclamations?

Sylvain Lebel estime que certains éléments de la nouvelle loi généreront une baisse des réclamations dans les prochaines années, mais ce sera combinée à une hausse significative des réclamations liées à la santé mentale.

« Les lésions psychologiques sont habituellement des réclamations longues, complexes et coûteuses, ce qui pourrait mettre une grande pression sur les coûts du régime. »

Il y a une ouverture au Québec face à l’acceptation des réclamations liées à la santé mentale, affirme M. Lebel, même si on a l’impression de naviguer dans une zone grise à l’heure actuelle.

« Nous n’avons pas encore tous les paramètres de la CNESST, il est donc trop tôt pour avoir un portrait clair quant aux dossiers qui seront acceptés ou refusés. Ça va prendre quelques années avant de connaître les détails, et c’est pour ça qu’on ne peut pas évaluer à l’heure actuelle l’impact financier réel de la modernisation de la loi. »

L’impact de la modernisation de la loi sera aussi différent selon les secteurs d’activités. On sait que certains secteurs, en particulier la santé et l’éducation, devraient être plus touchés que d’autres par les risques psychosociaux.

Bien connaître son organisation

Sylvain Lebel recommande aux entreprises de s’inscrire dans un processus de prévention et d’effectuer une analyse de leur main-d’œuvre afin d’avoir un portrait global de leurs activités, de leurs fonctions, de leur âge et de leur genre ainsi que de leur attitude en général.

« Si votre organisation compte une majorité de jeunes ou de personnes issues de l’immigration, la façon de gérer les enjeux de santé psychosociaux sera très différente de l’entreprise ou les employés sont vieillissants. Même chose dans les milieux où travaillent surtout des hommes ou une majorité de femmes. Les mentalités sont différentes, les besoins aussi. Il sera important de personnaliser les outils en fonction de la situation réelle en entreprise. »

Chez LifeWorks, on recommande fortement aux organisations de faire une évaluation de la santé globale de leurs travailleuses et travailleurs. Une fois cet exercice complété, l’employeur sera mieux outillé pour faire la promotion de la santé et miser sur la prévention.

Sondages et autres outils

Réaliser des sondages auprès de ses employés, chaque mois ou aux trois mois par exemple, est un moyen utilisé par de nombreux employeurs pour demeurer au fait de la santé globale de leurs équipes.

Les experts en ressources humaines sont unanimes : le télétravail a engendré une nouvelle réalité, difficile à appréhender pour beaucoup d’employés, et l’isolement est aujourd’hui un enjeu important.

Une série de mesures et d’outils peuvent être déployés en soutien aux travailleuses et travailleurs dans une perspective de gestion des risques psychosociaux. En voici quelques-uns :

  • Former les gestionnaires sur les risques psychosociaux en milieu de travail et les outiller en cette matière;
  • Former les employés sur l’importance de la santé psychologique;
  • Bonifier et promouvoir les programmes d’aide aux employés et offrir, grâce à la télémédecine, des accès rapides à des thérapeutes, des psychologues et des psychiatres.

Toutes ces mesures peuvent contribuer à aider les employés qui sont dans le besoin; elles permettent à l’employeur d’agir avant que des signes plus problématiques fassent leur apparition.

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