Fatigue et conflits au sein des équipes de télétravail
Avec l’essor du télétravail, les gestionnaires font face à de nouveaux défis. En plus d’être confrontés à la fatigue grandissante de leurs collaborateurs et collaboratrices, ils doivent gérer à distance des conflits entre collègues. Heureusement, la mise en place de solutions permet de diminuer le sentiment de fatigue et de rétablir l’harmonie dans les équipes.
Les principales causes de fatigue en télétravail
Après de longs mois de pandémie, un grand nombre de télétravailleur·euse·s ressentent de la fatigue. En juillet 2021, les auteurs d’un rapport d’Accenture révélaient que seulement 26 % des Canadiens et des Canadiennes étaient stimulé·e·s au travail, contrairement à 42 % de la main d’oeuvre à l’échelle mondiale, ce qui signifiait une fatigue plus importante au pays qu’ailleurs dans le monde. Plusieurs facteurs expliquent cette tendance.
Le manque de relations humaines
Clavardage, visioconférence, courriel : même s’il existe plusieurs outils pour permettre aux membres d’une équipe de communiquer entre eux, la technologie ne peut, à elle seule, remplacer les contacts humains.
Avant la crise sanitaire, les employé·e·s profitaient des pauses pour socialiser autour de la machine à café. Comme le souligne un article de Forbes, ces rencontres impromptues avaient un effet énergisant et stimulant. « Il est important d’avoir un équilibre dans toutes les sphères de notre vie, mais quand la pandémie provoque un manque de contacts humains également dans nos vies personnelles, c’est là que la fatigue mentale s’accentue », indique Manon Pelletier, CRHA, ICP-AHR, directrice, Services et projets ressources humaines, au Conseil du patronat du Québec (CQP).
Les distractions
À la maison, les sources de distractions sont beaucoup plus nombreuses qu’au bureau. Selon une étude de 2021 de Gartner, les employé·e·s en mode hybride sont 2,54 fois plus susceptibles de subir des distractions numériques (courriels, appels, messages textes, réseaux sociaux, etc.) que le personnel en présentiel.
Les parents doivent également s’occuper de leurs jeunes enfants lorsque ceux-ci ne peuvent aller à garderie ou à l’école à cause de symptômes de la COVID-19 ou de fermeture d’établissement. Toutes ces distractions finissent par fatiguer les télétravailleur·euse·s.
Une surcharge de travail
Avec le travail à domicile, plusieurs personnes sont naturellement tentées de travailler plus longtemps. Selon une étude canadienne, 55 % des professionnel·le·s en télétravail travaillent la fin de semaine et le tiers (34 %) des télétravailleurs et des télétravailleuses travaillent régulièrement plus de huit heures par jour.
Il en est de même pour les personnes travaillant en mode hybride : elles sont 1,27 fois plus susceptibles que les employé·e·s en présentiel à avoir de la difficulté à décrocher du travail, selon l’étude de Gartner.
Comment diminuer la fatigue de ses équipes
Bien que les gestionnaires doivent composer avec la distance, ils ont dans leur boîte à outils plusieurs solutions pour redonner de l’énergie à leurs collaborateurs et collaboratrices.
Les entreprises auraient d’abord avantage à mettre en place une culture de la vigilance. Selon le site Welcome to the Jungle, elles devraient être attentives aux signes qui trahissent une certaine lassitude chez leurs équipes, notamment :
- Des erreurs d’inattention fréquentes;
- Une baisse du rendement;
- Une diminution de la participation dans les réunions;
- Un changement d’attitude;
- Le refus d’activer la caméra.
En présence de l’un de ces signes, un·e gestionnaire devrait prendre l’initiative d’entrer en contact avec le collaborateur ou la collaboratrice en question pour tenter de désamorcer la situation. D’ailleurs, la tenue de rencontres individuelles régulières avec chacun des membres de l’entreprise permet de détecter plus facilement les signes de fatigue, selon un article de Forbes.
Dans le même ordre d’idée, les gestionnaires auraient avantage à réduire les distances psychologiques entre les employé·e·s et de renforcer le sentiment de proximité. Par exemple, ils peuvent encourager leurs collègues à interagir plus souvent de façon informelle, ce qui aiderait à énergiser les équipes, tout en diminuant les risques de conflit.
Les principales sources de conflits en télétravail
Comme à l’époque du travail en présentiel, le télétravail peut causer des frictions entre collègues. Il y a évidemment les sources de conflit qui existaient avant la pandémie, comme :
- Les personnalités incompatibles;
- La répartition des tâches entre employé·e·s;
- Le sentiment d’iniquité;
- La qualité du travail.
Cependant, le télétravail a généré de nouvelles sources de conflit, selon un article du Grenier :
- Mauvaise communication;
- Messages mal interprétés;
- Stress engendré par la pandémie ou ses conséquences (proche malade, garde d’enfant, école à la maison, sentiment d’isolement, etc.).
« À distance, il est plus facile de faire des impairs lors de nos échanges : on fait moins attention au non verbal, on communique plus par écrit, ce qui laisse place à l’interprétation des sentiments de l’autre, on a moins tendance à reformuler et à confirmer le message de l’autre. C’est au gestionnaire d’être vigilant et attentif à ses collaborateurs et de s’assurer que les communications soient le plus harmonieuses possible », précise Mme Pelletier.
Comment désamorcer efficacement un conflit à distance
En matière de conflits, mieux vaut prévenir que guérir. Les gestionnaires auraient ainsi intérêt à mettre en place un code de collaboration, selon le professeur Jean Poitras, dans une entrevue accordée à la revue Gestion.
Cet article contient plusieurs éléments essentiels qui limitent les sous-entendus ou les frustrations, tels que :
- Les délais de réponses souhaités dans les différentes communications entre collègues;
- Les rôles et responsabilités de chaque personne;
- Les incontournables pour un travail en équipe efficace.
Garder le contact avec ses collègues
Comme pour gérer la fatigue, les gestionnaires doivent régulièrement prendre le pouls de leur main d’oeuvre. L’appel vidéo est à privilégier, car ce type de communication permet de voir le visage de son interlocuteur et de reconnaître plus aisément les signes non verbaux qui trahissent une certaine frustration.
Dans tous les cas de conflit, les gestionnaires doivent faire preuve d’empathie et de compassion, tout en restant impartiaux. Ils ne doivent pas non plus craindre de prendre les devants lorsqu’ils soupçonnent un désaccord entre deux employé·e·s. Car un conflit non réglé peut glisser vers des relations plus houleuses et mener vers du harcèlement dans un contexte virtuel.
À ce sujet, les gestionnaires peuvent visionner l’une des capsules de formation sur la gestion des conflits au travail du Conseil du patronat du Québec (CPQ).