ABC de l’ajustement ergonomique du poste de travail
On le sait, un poste de travail bien ajusté contribue à prévenir les courbatures, les maux de dos et les autres troubles musculosquelettiques. Mais comment bien positionner sa chaise, sa table, son écran et ses périphériques? Patrick Vincent, ergonome certifié et président de Vincent Ergonomie, répond à ces questions.
L’importance de la chaise
« L’ajustement de la chaise est central. Il détermine tout le reste du poste de travail, lance M. Vincent. Le point de départ est de fixer la hauteur de l’assise afin d’avoir les genoux à 90 degrés et les pieds bien appuyés au sol. »
Certaines chaises permettent également d’ajuster la profondeur de l’assise. Dans ce cas, l’ergonome certifié recommande de conserver deux doigts de distance entre l’arrière du mollet et le devant de l’assise.
« Le principe général est de garder un dégagement pour favoriser la circulation sanguine. Si l’assise est beaucoup trop profonde et qu’on a l’arrière du mollet appuyé sur l’assise, la circulation va se couper », soutient-il.
Cela dit, les assises trop courtes nuisent aussi à la bonne circulation sanguine en créant un appui au milieu de la cuisse.
L’angle du dossier est un autre élément important à considérer. Dans l’idéal, le dossier doit être positionné à plus ou moins 95 degrés. « On ne veut pas être à 90 degrés parce qu’on n’aura pas un bon appui du dos. On ne sera pas bien adossé et on sera trop droit », précise-t-il.
L’appui lombaire doit également être positionné de façon à épouser la courbe naturelle du bas du dos et à réduire les effets de compression des disques intervertébraux.
Enfin, les appuie-bras doivent devenir le prolongement de la surface de travail en maintenant les bras près du corps dans un angle de 90 degrés. En effet, un mauvais ajustement risque d’écraser les tissus mous des avant-bras et d’occasionner différents problèmes de santé, comme le syndrome du canal carpien et la tendinite.
Jusqu’à présent, vous utilisiez une chaise de gamer ? Voici pourquoi vous devriez passer à une véritable chaise de bureau conçue spécialement pour le télétravail à long terme.
Une table de travail à la bonne hauteur
Si vous disposez d’une table de travail ajustable, veillez à ce que sa hauteur ne soit pas trop élevée. « Si la table est trop haute, le muscle trapèze va forcer, même avec des appuie-bras », prévient M. Vincent.
En général, les bureaux standards mesurent 29 ou 30 pouces de hauteur. Toutefois, cela peut être trop haut pour les personnes de plus petite taille qui devront diminuer la hauteur de leur table de travail ou, à défaut, utiliser un repose-pied.
Autre conseil : les outils de travail du quotidien (ouvrages de référence, téléphone, crayons, papier, etc.) doivent être à moins d’un bras de distance.
Un clavier bien installé
La position du clavier sur la table de travail est largement influencée par la présence ou non d’appuie-bras sur la chaise de travail :
- Une chaise munie d’appuie-bras. Le clavier peut être mis à égalité avec le rebord de la table.
- Une chaise sans appuie-bras. Le clavier doit être éloigné du rebord de la table de travail pour laisser assez d’espace aux avant-bras qui ne peuvent pas s’appuyer sur les appuie-bras. Cependant, cette configuration exige une table plus large, généralement d’une profondeur de 30 à 36 pouces.
De plus, les pattes du clavier doivent être positionnées dans le plus petit angle possible. M. Vincent suggère même de mettre le clavier à plat sur la surface de travail pour limiter l’extension des poignets.
Vous envisagez de vous procurer un clavier vertical et vous vous demandez si celui-ci est vraiment plus ergonomique. La réponse ici :
Toujours centrer son écran principal
Les télétravailleurs passent quotidiennement de longues heures à regarder leur écran. Pour éviter les maux de cou, les personnes sans lunettes ou portant des lunettes sans foyer progressif auront avantage à aligner le haut de leur écran avec leurs yeux.
« Pour une personne qui porte des lunettes avec foyer progressif, on doit ajuster la hauteur de l’écran afin de voir tout l’écran sans avoir à basculer la tête en arrière. (…) Si vous êtes capable de voir tout l’écran sans fléchir, vous avez la bonne hauteur », ajoute l’ergonome.
Vous utilisez deux écrans? M. Vincent propose de centrer l’écran principal et d’installer l’écran secondaire à droite ou à gauche de celui-ci. Pour savoir de quel côté installer le deuxième écran, l’ergonome suggère d’utiliser la règle de l’œil dominant.
« C’est l’œil dominant qui fait la mise au point. Si mon œil dominant est à droite et que mon écran secondaire est à droite, il va y avoir moins de rotation du cou. Par contre, si on met l’écran à gauche, on doit tourner beaucoup plus la tête pour déplacer son cône de visibilité sur l’écran de gauche. »
Pour connaître son œil dominant, M. Vincent recommande de former un cercle en joignant les deux pouces et les deux majeurs et de fixer un petit objet à travers cette cible. Il suffit ensuite de fermer un œil à la suite de l’autre. L’œil qui permet de centrer l’image est l’œil dominant.
Enfin, en ce qui concerne la taille de l’écran, regardez cette capsule :
Prévenir l’éblouissement et les reflets
S’il est agréable de travailler près d’une fenêtre, il est préférable de ne pas être trop proche pour éviter de souffrir de fatiguer oculaire. En effet, le poste de travail ne doit pas être installé devant ni dernière une fenêtre.
« Si votre écran est face à une fenêtre orienté plein sud et qu’il y a un gros soleil, vous allez être ébloui parce que la quantité de lumière est plus abondante que celle de votre écran. »
Il en est de même pour les postes de travail installés dos à une fenêtre. La lumière peut se refléter sur l’écran et gêner le travailleur.
C’est pour ces raisons qu’il est préférable de placer son poste de travail perpendiculairement à une fenêtre. Ainsi, l’utilisateur aura un environnement sans reflet et plus uniforme en matière d’intensité lumineuse.
En résumé, la chaise est l’élément fondamental d’un poste de travail ergonomique, mais il ne faut pas oublier le clavier, la table de travail et l’écran. De plus, les personnes qui auraient des questions sur l’aménagement de leur poste de travail peuvent consulter un ergonome.