Coffre à outils – Gagnez en expérience Fin de carrière : des inégalités hommes femmes demeurent

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6 mars 2023

En octobre 2022, l’Institut du Québec a fait paraître un rapport sur l’allongement des carrières, l’une des solutions avancées pour pallier les effets de la pénurie de main-d’œuvre. Le rapport brosse un portrait de la situation des personnes expérimentées du Québec (dans le document – de 60 à 69 ans) en matière de travail et de retraite, et vise à orienter les réflexions et les décisions concernant l’avenir de la main-d’œuvre expérimentée du Québec.

La publication fournit l’occasion de se pencher sur la situation des femmes de ce segment démographique et permet d’en dégager certaines particularités.

Le Canada, le Québec et l’Ontario

Pour le segment des 60 à 69 ans, les taux d’activité du Canada et du Québec sont bien inférieurs à ceux de plusieurs pays membres de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques). Des chiffres de 2021 montrent que si le taux du Canada (43,8 %)[1] est légèrement au-dessus de la moyenne de l’OCDE (42,4 %), celui du Québec (39,1 %) indique un potentiel de développement intéressant.

D’autant plus que si l’on compare le Québec à l’Ontario, une province avec qui il partage un bassin de travailleurs et travailleuses et un contexte réglementaire et institutionnel semblables, on observe depuis 20 ans « une tendance à la hausse de la participation des personnes de 60 à 69 ans au marché du travail dans les deux provinces ».

Les sexagénaires soutiennent la place des femmes au travail

Le groupe des femmes de 60 à 69 ans, comme l’ensemble des femmes d’ailleurs, a connu lui aussi une hausse de son taux d’activité au cours des dernières décennies. Il semble que ce soit notamment grâce à celles qui sont nées entre 1956 et 1965.

« Les femmes de cette cohorte ont atteint un taux d’activité beaucoup plus élevé dans la force de l’âge que les générations précédentes, et ont maintenu ce taux plus tard dans leur carrière. »

Mais des inégalités hommes femmes persistent

Il existe cependant des écarts importants entre les sexes : « Au Québec, le taux de participation des femmes de 60 à 69 ans (32,3 %) est beaucoup plus faible que celui des hommes (46 %). » Le rapport indique également que pour les groupes d’âge inférieur, les dernières décennies ont vu cet écart diminuer de façon importante, mais que le segment des 60 à 69 ans n’a pas suivi cette tendance.

De plus, « entre le principal groupe d’âge (25 à 54 ans) et la main-d’œuvre de 55 à 59 ans, l’écart entre les hommes et les femmes double. Mais c’est réellement pour le groupe de 60 à 64 ans que la différence est la plus importante, avec 15,7 points de pourcentage ».

Les facteurs

De nombreux facteurs peuvent entrer en ligne de compte dans la décision de prendre sa retraite ou de continuer à travailler – par exemple, la situation financière, les mécanismes institutionnels, l’accès à un régime de retraite ou l’état de santé.

Cependant, deux facteurs en particulier toucheraient davantage les femmes.

Les obligations familiales

Les responsabilités familiales liées au vieillissement auraient un impact sur le taux de participation des femmes d’expérience au marché du travail. Si l’on sait que « les travailleurs et travailleuses de 60 à 69 ans sont nombreux·euses à concilier le travail et le soin de leurs parents vieillissants », des études indiquent également que « les femmes seraient plus nombreuses à s’occuper de leurs proches à un nombre plus important d’heures (10 heures et plus par semaine) ». Les proches aidantes seraient donc moins susceptibles d’être actives professionnellement.

L’âgisme et le sexisme

La discrimination basée sur l’âge, tant sur le plan de l’embauche que sur celui du maintien en emploi, est un autre facteur qui peut faire la différence entre la rétention d’un talent plus âgé et son départ à la retraite. Certains préjugés sont tenaces, et il semble que le personnel plus âgé est parfois perçu comme « moins productif, moins créatif, moins flexible, ainsi que moins intéressé par la formation et les nouvelles technologies. »

Mais pour couronner le tout, la situation serait « d’autant plus aiguë pour les femmes », ce qui semble s’accorder avec la perception générale qu’il est plus difficile pour une femme de vieillir sur le marché du travail.

Attirer et retenir les travailleuses expérimentées

Dans son rapport, l’Institut du Québec propose une série de recommandations dirigées vers les employeurs et les instances gouvernementales, dont certaines pourraient participer à l’augmentation du taux d’activité des femmes de 60 ans et plus.

Aux employeurs, il suggère notamment de prendre des mesures pour soutenir le personnel proche aidant et permettre une meilleure conciliation vie-travail : congés spéciaux pour prendre soin d’un parent, service d’aide en ligne, semaine réduite, horaires flexibles, etc.

Quant au gouvernement, il l’invite à investir dans les soins aux aîné·e·s, en particulier dans les soins à domicile, ce qui « pourrait permettre d’améliorer l’autonomie des personnes âgées » et « faciliter la conciliation travail-famille des travailleurs et travailleuses plus âgé·e·s qui soutiennent leurs parents. »

« De telles mesures pourraient profiter tout particulièrement aux femmes, conclut le rapport, qui accusent un retard dans leur taux de participation et qui sont plus nombreuses à devoir concilier ces différentes responsabilités. »

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[1] Tous les chiffres et toutes les citations de cet article proviennent du document : IDQ, 2022, Allonger les carrières : défis et opportunités pour pallier les pénuries de main-d’œuvre.

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