La francophonie d’affaires, un levier d’opportunité pour les employeurs
Les experts s’entendent pour affirmer que la clé de la réussite du développement commercial international, c’est l’intelligence de marché. Yann Le Moullec, directeur principal du développement corporatif chez Premier Tech, en résume bien l’importance en expliquant « qu’on ne peut pas faire un copier-coller de nos solutions. Il faut les adapter au marché que l’on tente de percer. »
La langue commune, un élément facilitant
En investissant dans l’intelligence de marché, les entrepreneurs se placent tout de suite en meilleure position pour réussir leurs démarches. L’objectif consiste à être au fait des besoins du marché cible. L’intelligence de marché implique aussi de se familiariser avec les us et coutumes de la région et d’établir de solides rapports collaboratifs avec les relais locaux (instances politiques, OBNL, etc.).
Le commerce international, c’est « un rapprochement culturel, un échange » d’après Josianne Pusterla, directrice des Opérations internationales du secteur Énergie de WSP. C’est en prenant le temps de tisser des liens et de s’intéresser à la contribution des autres entreprises qu’il est possible de développer des partenariats d’affaires selon elle.
Pour y arriver, Nadine Brassard, présidente de Commerce international Québec chez SERDEX, explique qu’une bonne préparation est nécessaire et que « la langue peut être une porte d’entrée facilitante pour quelqu’un qui se lance en exportation ». Les différentes étapes à passer peuvent représenter une source de stress pour un entrepreneur qui en est à sa première expérience mondiale. Les franchir en collaboration avec des associés qui s’expriment dans la même langue peut simplifier le processus global.
Les homologations, les certifications, la gestion des contrats, la mise en place de mécanismes de résolution de problèmes et une panoplie d’autres éléments critiques à la réussite de projets internationaux peuvent tous être facilités par la communication dans une langue commune.
M. Le Moullec le dit bien : « C’est plus naturel d’échanger avec des gens qui parlent la même langue ». De son côté, Mme Pusterla évoque ce naturel quand elle précise que « l’Afrique francophone vient aisément vers le Québec ».
Recrutement et héritage
Le recrutement international va de pair avec le commerce international. Il offre un avantage structurant sur le marché en permettant aux entreprises de cibler et d’explorer les occasions grâce à la représentation des nationalités. Il permet aussi d’intégrer des visions d’affaires différentes et enrichissantes. Mme Brassard encourage d’ailleurs les entreprises à intégrer le recrutement international dans leur stratégie.
Par ailleurs, les relations d’affaires menées en français peuvent transmettre un legs et une réputation durable. Selon Mme Pusterla, l’implication d’Hydro-Québec International en Afrique au cours des années 80 a laissé un souvenir fort dans les mémoires collectives du réseau d’affaires de la région. Miser sur la francophonie économique représente certainement un avantage à long terme pour l’économie d’ici et d’ailleurs.
La francophonie économique
Karl Blackburn, président et chef de la direction du Conseil du patronat du Québec (CPQ), explique que le français est la troisième langue d’affaires parlée dans le monde, après l’anglais et le mandarin. C’est plus de 300 millions de francophones qui sont actuellement répartis sur les cinq continents. À l’échelle mondiale, ils représentent :
- 16 % du PIB
- 20 % du commerce des marchandises
- 15 % des investissements
- 11 % des terres agricoles
- 14 % des ressources minières et énergétiques
Le partage d’une langue commune stimule les flux commerciaux d’environ 33 %. Le potentiel continuera de se développer au cours des prochaines années. D’ici 40 ans, il est envisagé que plus de 1 milliard de personnes seront francophones à l’échelle mondiale.
La langue française représente nécessairement un terreau de développement économique fertile pour les entrepreneurs du Québec.
Rendez-vous à la REF 22
Pour accompagner les entrepreneurs de la francophonie économique, l’Alliance des patronats francophones a fondé la Rencontre des Entrepreneurs Francophones (REF 22) à Tunis il y a quelques années. La deuxième édition de cette rencontre se tiendra à Abidjan, en Côte d’Ivoire, les 27 et 28 octobre 2022.
Plus de 1 200 chefs d’entreprises y sont attendus en plus de nombreux décideurs politiques, de représentants d’organismes internationaux et de bailleurs de fonds. Pour les entrepreneurs qui ont envie de grandir à l’international ou qui sont à la recherche d’occasions d’affaires, la REF 22 est l’occasion de développer son réseau et de concrétiser ses ambitions.
Tous les détails en lien avec l’événement sont disponibles ici.
Ressources
Dans certaines entreprises québécoises, il est parfois difficile d’adopter de bonnes pratiques linguistiques. Pour les aider, l’Office québécois de la langue française (OQLF) a lancé, en 2021, Mémo, mon assistant pour la francisation. Mémo permet d’effectuer, en quelques minutes, une autoévaluation permettant d’obtenir le portrait linguistique de l’entreprise, et ainsi savoir par où commencer.